Huit mois après avoir essuyé un refus-surprise des autorités européennes, la biotech québécoise Theratechnologies(T.TH) n'a pas encore décidé si elle frappera de nouveau à la porte du marché européen et, si oui, de quelle façon.

«Ce n'est pas qu'on soit inactif, s'est défendu le président de Theratechnologies, Luc Tanguay, en entrevue à La Presse Affaires. Au contraire, on n'a jamais été aussi actif du côté de l'Europe. Mais il faut faire ce qu'il faut faire. On essaie de redéposer (notre dossier). Pour ça, il faut une stratégie, et on est en train de la développer.»

Chute en Bourse

Theratechnologies avait complètement décroché en Bourse en juin dernier quand les autorités américaines ont refusé de commercialiser son médicament destiné aux patients atteints du VIH. La surprise était de taille puisque le même médicament avait été autorisé aux États-Unis.

M. Tanguay a expliqué que les dirigeants de l'entreprise multiplient les rencontres en Europe avec les groupes de patients, les agences réglementaires et les leaders d'opinion pour faire avancer le dossier.

La stratégie privilégiée serait de resoumettre le dossier aux autorités de l'Union européenne, mais il est possible que l'entreprise décide aussi de procéder pays par pays.

«Si on voit qu'on va se faire bloquer par deux petits pays, par exemple, on est aussi bien de soumettre de façon indépendante dans les gros marchés comme l'Allemagne, la France ou l'Angleterre», dit M. Tanguay.

Le président affirme qu'on devrait connaître la stratégie de l'entreprise en Europe «d'ici quelques mois».

Theratechnologies est l'une des rares entreprises québécoises à avoir réussi à commercialiser un médicament aux États-Unis. Le produit en question, l'Egrifta, s'attaque à la répartition anormale des graisses chez les patients atteints du VIH. L'entreprise peine cependant à transformer ce succès scientifique en succès commercial.

Une année difficile

Par ailleurs, Thera-technologies a dévoilé hier les résultats financiers de son exercice 2012. En plus du refus des autorités européennes, l'année a été marquée par le départ de l'ancien président, John-Michel Huss, par des problèmes dans une usine de fabrication qui ont retardé l'évaluation du médicament au Brésil et par un avis de non-conformité de Santé Canada. L'entreprise s'est aussi volontairement retirée du NASDAQ.

Theratechnologies conclut donc l'année avec des pertes de près de 14 millions de dollars, comparativement à 17,7 millions en 2011. L'entreprise a mis de côté pratiquement tous ses projets de recherche qui ne sont pas en lien avec l'Egrifta et espère atteindre le point de rentabilité quelque part l'année prochaine.

L'entreprise affirme voir une croissance des ventes d'Egrifta aux États-Unis, avec une hausse des redevances de 65% par rapport à 2011. L'analyste Philippa Flint, de Bloom Burton&Co, observe toutefois que la croissance des ventes a ralenti au cours de l'année et prévoit carrément un déclin pour le premier trimestre de 2013.

L'analyste recommande de vendre le titre de Theratechnologies, avec un prix cible de 40 cents. L'action a gagné 1 cent hier pour clôturer à 47 cents.

Theratechnologies résultats de 2012

> Revenus de 13,57 millions, en baisse de 9%

> Perte de 13,94 millions, une réduction de 21%

> Frais de recherche de 6,34 millions, en baisse de 42%