Environ 60 milliards d'obligations corporatives arrivent à échéance cette année.

C'est sans compter les nouvelles émissions que voudront réaliser plusieurs sociétés afin de racheter des émissions dont les taux d'intérêt sont plus élevés que les coûts d'emprunt actuels.

«Cela surpasse le sommet précédent de 57,8 milliards enregistré en 2008», fait remarquer Jean-François Godin, vice-président et analyste de marché principal chez Valeurs mobilières Desjardins.

Il précise que le gros de ce refinancement vient du secteur financier et des six grandes banques canadiennes dont la note de crédit, pour la plupart, a été abaissée hier par Moody's, qui emprunte la voie tracée l'an dernier par Standard&Poor's.

À elle seule par exemple, la Banque de Nouvelle-Écosse doit refinancer 13,7 milliards cette année. Plusieurs émissions à renouveler portent des taux d'intérêt relativement élevés. Ainsi, l'émission de 1,8 milliard qui vient à terme en avril porte un coupon de 5,04% alors que le celui de l'émission de 1,7 milliard à renouveler en mars s'élève à 4,99%.

La Scotia pourra obtenir des taux beaucoup plus avantageux, si on se fie aux récentes émissions. Ainsi, la semaine dernière, la Banque de Montréal a emprunté 500 millions pour lesquels elle a consenti un taux de 2,24% jusqu'en décembre 2017. Il s'agit d'un écart de 98 centièmes par rapport à l'obligation du Canada de même échéance.

Il en va de même pour la TD qui doit refinancer une émission de 2,2 milliards qui portait un taux de 4,85%. Il s'agit d'une des plus importantes émissions corporatives sur le marché, rappelle M. Godin. En comparaison, lorsque le Québec émet, c'est en général par tranches de 500 millions.

Même si les taux de plus longue échéance ont commencé à augmenter doucement depuis décembre, ils restent encore bien faibles sur une base historique. Les obligations canadiennes, dont les taux servent de plancher aux rendements des autres obligations émises au pays, tant provinciales que corporatives, resteront donc chères.

Or, les écarts de taux entre les obligations canadiennes et les autres ont tendance à se fermer quand les perspectives économiques s'améliorent. C'est un peu le cas ces jours-ci avec la baisse du scepticisme à l'endroit de la zone euro, le nouvel élan de l'économie chinoise et l'optimisme prudent des investisseurs envers les travaux du Congrès américain pour le renouvellement du plafond de la dette.

Dans cette perspective, plusieurs entreprises seront aussi tentées d'emprunter, qui pour racheter de la dette émise à des taux plus élevés et ainsi diminuer le service de leur dette, qui pour racheter de leurs actions afin d'augmenter la valeur de celles qui resteront en circulation.

Il reste à voir encore quelle concurrence feront les emprunts corporatifs aux besoins de (re)financement des gouvernements et sociétés d'État comme Hydro-Québec ou la SCHL.

Depuis la récession, Ottawa emprunte près de 100 millions par année pour refinancer sa dette échue et financer ses déficits.

Les besoins financiers des provinces seront aussi assez élevés. À l'exception de l'Ontario qui est parvenu à diminuer son déficit pour l'exercice en cours et du Québec qui vise l'équilibre budgétaire en 2013-2014, elles ont toutes des projections de déficit plus élevées que ce qu'elles avaient prévu dans leur budget, le printemps dernier.

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60,4 milliards

Refinancements corporatifs en 2013

2,2 milliards

Plus grosse émission venant à échéance, celle de la Banque TD

13,7 milliards

La Banque de Nouvelle-Écosse réalisera en 2013 la plus grosse part du refinancement