L'inflation canadienne est restée presque invisible pour un deuxième mois consécutif en décembre, les consommateurs ayant profité d'une des meilleures années au chapitre du pouvoir d'achat depuis la récession, a indiqué vendredi Statistique Canada.

L'inflation annuelle s'est établie à 0,8 pour cent en décembre, mettant fin à une année pendant laquelle les hausses de prix ont été largement retenues par une économie mondiale affaiblie.

Sur une base mensuelle, les prix à la consommation du Canada ont carrément reculé de 0,6 pour cent par rapport au mois de novembre, les détaillants ayant réduit notamment les prix des vêtements et des souliers pour attirer les consommateurs en cette période de magasinage des Fêtes.

«Les données d'aujourd'hui sur l'inflation sont bien en deçà des attentes des marchés et de la Banque du Canada - bref, l'inflation n'est tout simplement pas un problème au Canada, du moins pour l'instant», a observé l'économiste Francis Fong, de la Banque TD, dans une note de recherche.

«Cela étant dit, la fin de 2012 s'inscrivait certainement dans le creux d'un cycle en ce qui a trait à la croissance économique et les choses devraient maintenant reprendre de la vigueur.»

Les prix ont été plus faibles en novembre et en décembre pour toute une gamme de biens et services, ce qui a fait reculer l'inflation annuelle au Canada à une moyenne de 1,5 pour cent, soit environ la moitié du taux de 2,9 pour cent de l'année précédente et la plus faible depuis 2009, alors que l'économie était en récession.

«L'augmentation plus faible de l'indice des prix à la consommation en 2012 comparativement à 2011 était en grande partie attribuable à des augmentations plus faibles des prix de l'essence et des aliments», a expliqué l'agence gouvernementale dans un communiqué.

Les prix à la pompe ont progressé de 2,5 pour cent l'an dernier, comparativement à 20 pour cent en 2012, tandis que les hausses des prix des prix des aliments ont été de 2,4 pour cent en moyenne, comparativement à 3,7 pour cent en 2011. Les analystes avaient prédit que les sécheresses de l'été aux États-Unis feraient éventuellement grimper les prix des aliments, mais cela ne s'est pas encore produit de façon significative en Amérique du Nord.

Plus tôt cette semaine, la Banque du Canada, qui préfère que l'inflation soit aux environs de deux pour cent, a évoqué la faiblesse des prix et dit s'attendre à ce que la situation perdure, ce qui l'a convaincu de garder son taux d'intérêt directeur à son très faible niveau pendant encore un bon moment - vraisemblablement au moins un an.

Le dollar canadien a cédé 0,44 cent US à 99,14 cent US après l'annonce sur l'inflation, son plus faible niveau depuis la fin juillet. Le huard avait déjà clôturé jeudi sous la parité avec le dollar canadien, ce qu'elle n'avait pas fait depuis la mi-novembre.

La faiblesse de l'inflation exerce une nouvelle pression à la baisse sur le dollar puisqu'elle suggère que la Banque du Canada n'aura pas de raison de hausser les taux d'intérêt pour la garder l'inflation à l'intérieur de sa fourchette de prédilection d'entre un et trois pour cent.

La banque centrale a indiqué mercredi qu'elle s'attendait maintenant à ce que l'inflation se situe en moyenne dans les environs d'un pour cent pour les prochains mois et qu'elle ne retourne pas au niveau de sa cible avant la deuxième moitié de 2014.

Mais pour un deuxième mois d'affilée, alors que quelques secteurs composaient avec des pressions à la hausse en décembre, certains produits importants - l'essence, les automobiles et les vêtements - affichaient des déclins par rapport au mois précédent.

Les prix de l'essence étaient 2,4 pour cent moins élevés le mois dernier qu'en novembre; les véhicules automobiles coûtaient 1,2 pour cent de mois en moyenne; et les prix des vêtements ont chuté de 4,4 pour cent. Les coûts dans les hôtels et les coûts d'intérêt hypothécaires ont aussi diminué d'un mois à l'autre.

Sur une base annuelle, les coûts hypothécaires, les automobiles, l'équipement vidéo, les légumes frais et le gaz naturel ont tous affiché des reculs.

Les principaux facteurs ayant contribué à l'inflation en décembre étaient les prix des aliments, avec une hausse de 1,5 pour cent, et ceux des produits de l'alcool et du tabac, qui ont progressé de 1,8 pour cent. De façon plus individuelle, les coûts des services de câble et de satellite ont avancé de 5,9 pour cent, tandis que ceux de la viande ont pris 4,4 pour cent et que ceux des dépenses courantes, ameublements et équipements du ménage ont gagné 1,3 pour cent.

Les prix ont grimpé dans toutes les provinces, mais même la plus forte inflation - celle de la Nouvelle-Écosse, à 1,8 pour cent - restait inférieure à la cible de deux pour cent de la Banque du Canada. Au Québec, l'inflation annuelle s'est établie à 1,5 pour cent en décembre, tandis qu'elle était de 0,8 pour cent en Ontario et de 0,7 pour cent au Nouveau-Brunswick.