La diminution du déficit commercial canadien et l'aggravation de l'américain en octobre ne doivent pas faire illusion: elles reflètent avant tout la dégradation des échanges internationaux qui découle du ralentissement de la croissance mondiale.

Au Canada, le déficit du commerce international de biens est passé de 1 milliard à 169 millions de dollars, le plus faible en sept mois, a indiqué hier Statistique Canada. Cela est le résultat d'une augmentation de 375 millions de la valeur des exportations et d'une diminution de 529 millions de celle des importations.

D'octobre à octobre, la valeur des exportations reste toutefois en baisse de 2,2%, celle des importations de 3,0%.

Exprimées en volumes, les exportations sont restées en octobre à leur niveau de septembre, tandis que les importations reculaient de 1,8%.

L'amélioration du solde commercial est le résultat d'une réduction du déficit dans nos échanges avec les pays autres que les États-Unis. Le surplus avec notre grand voisin a quant à lui diminué de quelque 430 millions.

«Avec l'incertitude qui a cours aux États-Unis à cause du mur budgétaire, les exportateurs canadiens feront face à des défis l'an prochain», prédit Benjamin Reitzes, économiste chez BMO Marchés des capitaux.

L'augmentation de la valeur des exportations est essentiellement le fait de bonds des livraisons de soja et de canola, les agriculteurs canadiens tirant sans doute parti de la grande sécheresse qui a sévi dans les prairies américaines. De légères hausses ont aussi été observées dans sept autres catégories.

Pour le quatrième mois d'affilée, on observe un repli des expéditions de produits de l'automobile. Les livraisons de produits aérospatiaux ont aussi reculé, mais après deux augmentations mensuelles d'affilée.

Du côté des importations, les baisses sont concentrées dans la plupart des segments de biens industriels. Cela s'explique sans doute par la volonté des manufacturiers de diminuer leurs stocks.

Les volumes d'importations de machines et d'équipement étaient en baisse. «Cela suggère que la faiblesse des investissements des entreprises observée au troisième trimestre se poursuivait au début du quatrième», note Marc Pinsonneault, économiste à la Banque Nationale.

«L'amélioration de la balance commerciale masque quelques faiblesses importantes dans la demande intérieure, souligne pour sa part Jimmy Jean, économiste principal chez Desjardins. Exprimées en volume, les exportations stagnent alors que les importations chutent.»

Chez nos voisins, il est difficile de départager si c'est la faiblesse de l'économie mondiale ou les perturbations de l'ouragan Sandy dans plusieurs ports atlantiques qui ont provoqué la chute mensuelle la plus importante des exportations depuis la récession.

Chose certaine, le déficit du commerce de biens et de services est passé de 40,3 milliards à 42,2 milliards en octobre. La valeur des exportations a été contenue à 180,5 milliards, le total le plus faible depuis février. À elles seules, les livraisons outremer de soja ont diminué de 1,02 milliard.

Les importations ont aussi reculé après leur poussée de septembre qui avait coïncidé avec le lancement de la nouvelle version de l'iPhone.

«La croissance américaine patine sur de la glace mince, estime James Marple, économiste chez TD. La possibilité d'une contribution accrue du commerce international est diminuée par la faiblesse de plusieurs partenaires commerciaux des États-Unis.»