L'agence de notation financière américaine Standard and Poor's (S&P) a confirmé lundi la note AAA du Canada pour sa dette souveraine à long terme, en valorisant la force de son économie ainsi que ses politiques budgétaire et monétaire.

Au moment où presque tous les pays développés broient du noir, le Canada est l'un des rares à conserver la meilleure note possible des trois grandes agences de notation de la planète (Moody's, S&P et Fitch).

Les autres membres de ce club «sélect» bénéficiant d'un traitement d'enfant-chéri sont notamment l'Australie, le Danemark, la Finlande, l'Allemagne, la Norvège, Singapour, la Suède, la Suisse et le Royaume-Uni. Londres a toutefois vu sa note AAA placée sous perspective négative par l'agence Fitch. La note d'un pays influe directement sur ses coûts d'emprunt.

Standard and Poor's a également confirmé la note A-1+, conférée à la dette souveraine à court terme du Canada, en soulignant que «la principale faiblesse» du pays en matière de crédit est «sa grande dépendance envers l'économie américaine et les conditions financières aux États-Unis».

Environ les trois-quarts des exportations du Canada et la moitié de ses importations se font avec les États-Unis, note S&P.

«De notre point de vue, les principales forces du crédit au Canada sont l'efficacité, la stabilité et la prévisibilité de l'élaboration de ses politiques et de ses institutions politiques, la solidité de son économie, et les forces de ses politiques monétaire et budgétaire», a indiqué Standard and Poor's dans un communiqué.

L'agence rappelle également qu'aucune institution financière canadienne n'a eu à être secourue avec l'argent du contribuable lors de la récession de 2008-2009 et que la croissance du produit intérieur brut canadien a dépassé celle des Etats-Unis presque chaque année dans la période 2007-2011.

«Les gouvernements canadiens ont démontré leur capacité et leur volonté d'implanter des réformes pour assurer la solidité des finances publiques à long terme», a déclaré l'analyste du crédit de S&P, Nikola Swann. «Nous prévoyons que les institutions canadiennes et les grandes orientations des politiques canadiennes demeureront stables dans le temps, conférant un caractère prévisible aux réponses aux crises futures», a-t-il ajouté.

Dernier pays du G7 à entrer en récession en novembre 2008 et premier à en être sorti en mai 2009, le Canada a profité ces dernières années du «boom» mondial des matières premières, dont il regorge, de finances publiques bien gérées et de la prudence de ses grandes banques. Au lendemain de la récession, il a également été le premier grand pays industrialisé à retrouver l'ensemble des emplois qui avaient été perdus pendant la crise.

Tout cela a pesé dans la décision récente de la Banque d'Angleterre de faire du gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, son prochain dirigeant, poste qu'il occupera à partir du 1er juillet 2013.

«Notre perspective est stable», a relevé M. Swann à propos du Canada. Ce scénario suppose que la croissance de l'économie américaine, bien que faible, va se poursuivre, ce qui est une bonne nouvelle pour le Canada.

S&P estime aussi que le Canada maîtrise bien son inflation, que son déficit budgétaire va lentement diminuer et qu'une éventuelle correction du marché immobilier risque d'être limitée.