Pour plusieurs travailleurs canadiens, le boni de fin d'année s'ajoute aux cadeaux sous l'arbre de Noël! Cette année, le quart des employés au pays s'attend à en recevoir un, selon un sondage réalisé par Pollara pour BMO. Si 26% des travailleurs admissibles pensent que leur boni égalisera celui reçu pour l'année 2011, 60% estiment qu'il sera supérieur. «De tels pourcentages me surprennent», affirme Frédérick Poulin, consultant en rémunération et cofondateur de la firme 37-2.

«Ce 86% n'est pas tellement réaliste, ajoute Julie Labelle, autre consultante en rémunération. Je pense plutôt que les bonis seront similaires ou plus bas, pour des raisons économiques. Les ventes n'ont pas augmenté dans plusieurs entreprises. Depuis quatre ans, elles croissent à peine et les objectifs sont de plus en plus poussés.»

Par ailleurs, 26% des travailleurs qui recevront un boni comptent placer l'argent, 25% rembourseront leurs dettes et 20% consacreront l'argent aux dépenses des Fêtes.

Y a-t-il une façon de demander à son patron si on aura un boni ou non? Quelle attitude adopter pour connaître la somme à laquelle on a droit? Au cours d'une jasette lors d'un lunch? Au détour d'une blague? Lors d'une visite impromptue à son bureau? La Presse Affaires a demandé à trois consultants en rémunération d'aiguiller des employés curieux et impatients!

DEVRAIT-ON ALLER VOIR SON PATRON POUR LUI DEMANDER SI ON AURA UN BONI?

«Certains employés établissent des objectifs personnels à atteindre, donc savoir s'ils auront un bonus ou non ne devrait pas être une surprise», répond Frédérick Poulin, de la firme 37-2.

«Si on sait que les objectifs ont été atteints, oui, répond Julie Labelle. Si on se doute que non... ehbien, non!»

«Dans un plan typique de bonification, il n'y a pas vraiment de surprises, dit Geneviève Cloutier, associée, rémunération et performance, chez Normandin Beaudry. Cela dit, il faudrait solliciter d'abord une augmentation de salaire, car c'est plus payant à long terme. Sinon, voir s'il y a une ouverture pour un montant forfaitaire pour reconnaître l'année extraordinaire que l'employé a eue.»

QUEL EST LE MEILLEUR MOMENT POUR ALLER VOIR SON PATRON À CE SUJET?

«Lors d'une rencontre pour le quatrième trimestre, dit Julie Labelle. Le moment le plus approprié est lorsqu'on discute des objectifs à atteindre. Et puis, cette année, ç'a l'air de quoi?»

«Avant que le gestionnaire n'ait les mains liées, qu'il n'ait plus la capacité de bonifier, soutient Geneviève Cloutier. Donc quelques mois avant la confirmation du budget. Sinon, ça devrait se faire lors d'une rencontre où on parle des attentes de l'employé. Et le but de la rencontre doit être clair, car ce n'est jamais une discussion facile ou plaisante, comme on touche à toute la question de la reconnaissance du travail de l'employé.»

«En fait, il n'y a pas de bon timing, estime Frédérick Poulin. Tout ce qui a trait à la performance et aux augmentations de salaire est tabou. Ça fait l'objet de cinq minutes de discussion par année! J'essaierais plutôt d'avoir une discussion qui s'échelonne sur plusieurs rencontres, d'avoir un suivi, un dialogue. En fait, il faut poser des questions avant la fin de l'année financière. Il faut s'intéresser à la performance financière de l'entreprise. Se questionner sur les profits. Je poserais des questions plusieurs fois par année.»

DEVRAIT-ON CALCULER SON BONI AVANT D'ENTRER DANS LE BUREAU DU PATRON?

«Oui, il faut être prêt et avoir fait ses calculs», répond Julie Labelle. «Si les règles sont convenues, à la fin de l'année, l'employé devrait de toute façon savoir à quoi s'attendre», ajoute Frédérick Poulin.

QUELLE ATTITUDE ADOPTER DEVANT SON PATRON?

«J'irais avec un peu d'humour, car habituellement, ça passe mieux, lance Julie Labelle. Et quand on a notre réponse, on passe à autre chose.»

«Il ne faut pas être sensible, dit Geneviève Cloutier. Il faut départager la reconnaissance du monétaire. Il faut être rationnel et y aller avec des faits. Il ne faut surtout pas finir avec des pleurs ni mettre sa situation personnelle sur la table.

«C'est toujours une question sensible, même pour la personne qui peut blaguer devant son gestionnaire, ajoute Mme Cloutier. À ce titre, un bon gestionnaire ne devrait même pas prendre une telle blague à la légère. Car ce peut être un mécanisme de défense ou autre chose.»

«Il faut que l'employé soit clair, sincère et ait la même attitude que lorsqu'on aborde tout autre sujet, pense Frédérick Poulin. Il faut qu'il s'adresse à son supérieur immédiat. C'est à lui de répondre ou d'aller chercher l'information.»

COMMENT RÉAGIR DEVANT UN REFUS?

«On demande des explications, des détails, dit Frédérick Poulin. Il faut être prêt à entendre un oui ou un non. Il ne faut pas contre-argumenter. La réponse devrait être finale. J'ai rarement vu un employeur revenir sur sa décision.»

«Il faut réagir avec un beau sourire! affirme Julie Labelle. Car, malheureusement, il n'y a rien à faire.»

DEVRAIT-ON CALCULER SON BONI AVANT D'ENTRER DANS LE BUREAU DU PATRON?

«Oui, il faut être prêt et avoir fait ses calculs », répond Julie Labelle. « Si les règles sont convenues, à la fin de l'année, l'employé devrait de toute façon savoir à quoi s'attendre », ajoute Frédérick Poulin.

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EN CHIFFRES

20%

Le pourcentage des travailleurs qui entendent consacrer l'argent des bonis aux dépenses des Fêtes.

26%

Pourcentage des Canadiens qui s'attendent à recevoir un boni de fin d'année, en 2012.

86%

Pourcentage de ceux qui s'attendent à recevoir un boni égal ou supérieur à celui de l'an dernier.

25%

Pourcentage de ceux qui utiliseront leur boni pour rembourser les dettes de leur ménage.