Intel (INTC) a annoncé lundi le départ de son directeur général Paul Otellini, à un moment délicat pour le numéro un mondial des semi-conducteurs qui négocie la transition entre le PC, auquel son nom reste associé, et de nouveaux appareils mobiles.

«Après près de quatre décennies dans l'entreprise et huit ans comme directeur général, il est temps de passer à autre chose et de transférer la direction d'Intel à une autre génération de dirigeant», a commenté dans le communiqué M. Otellini.

Âgé de 62 ans, il était rentré chez Intel en 1974 et y avait occupé diverses fonctions avant d'en prendre la tête en 2005.

Intel promet une «transition ordonnée», et M. Otellini assure qu'il restera «disponible comme conseiller» après sa retraite.

L'annonce a toutefois pris le marché par surprise, et même semble-t-il le groupe lui-même, qui se lance seulement maintenant à la recherche d'un successeur.

L'action Intel a perdu jusqu'à 2,3% en début de séance à Wall Street avant de se reprendre. Elle prenait 0,05% à 20,20 dollars vers 12h15.

M. Otellini est resté en fonctions pendant une durée à peu près similaire à celle de ses prédécesseurs.

Toutefois, «je ne pense pas que qui que ce soit s'attendait à ce qu'il prenne sa retraite avant d'avoir 65 ans», l'âge limite fixé par Intel à ses patrons, souligne Jeff Kagan, un analyste spécialisé dans le secteur technologique.

Intel a précisé que son conseil d'administration «considèrerait des candidats internes et externes» pour remplacer M. Otellini.

En interne, il semble identifier trois prétendants : le directeur financier Stacy Smith, le directeur opérationnel Brian Krzanich et la responsable des activités de logiciels Renee James ont été promus lundi vice-présidents exécutifs.

Trip Chowdhry, directeur de recherche chez Global Equity Research, verrait néanmoins d'un meilleur oeil un recrutement externe, mieux à même d'aider le groupe à s'adapter aux changements du marché.

Intel, qui a bâti sa réputation sur les puces pour PC opérant sous le logiciel d'exploitation Windows de Microsoft, est victime comme beaucoup d'autres acteurs du secteur de la baisse des ventes de PC, cannibalisées par de nouveaux engins mobiles comme les tablettes informatiques et les téléphones intelligents.

Outre une accélération des efforts dans le mobile, et pour adapter ses puces à l'informatique dématérialisée (le «cloud»), Trip Chowdhry juge que «Intel doit commencer à réévaluer son activité», qui devrait comprendre «pas seulement des puces mais aussi des services, ou autre chose».

Des rumeurs ont fait état récemment d'un investissement dans le fabricant d'électronique japonais Sharp. Mais «ce dont Intel a besoin, c'est de créer un nouvel écosystème», car jusqu'ici il «a été trop dépendant de Microsoft pour son succès», estime Trip Chowdhry.

Le site d'analyse 247Wallst.com anticipe aussi qu'«une restructuration pourrait être dans les tuyaux», afin de renforcer le groupe sur le marché mobile.

Dans tous les cas, «cela va être une période difficile pour le prochain directeur général», prévient Jeff Kagan. «Intel est une entreprise solide, mais elle a aussi du mal à s'étendre au-delà des puces pour ordinateurs».

Intel a rappelé lundi qu'entre l'arrivée aux commandes de M. Otellini et 2011, le chiffre d'affaires annuel du groupe était passé de 38,8 à 54 milliards de dollars, et son bénéfice par action de 1,40 à 2,39 dollars.

Mais la déprime du marché des ordinateurs a obligé le groupe à abaisser ses prévisions plusieurs fois cette année, où sur les neuf premiers mois son bénéfice net accuse un recul de 11%. Et le groupe a beau développer de nouvelles puces adaptées aux téléphones portables, un spécialiste de celles-ci, Qualcomm, le dépasse maintenant en termes de capitalisation boursière.