Les indicateurs économiques canadiens et internationaux continuent de donner des signaux divergents tandis que des décisions politiques prochaines pèseront lourd sur le sort de l'expansion du pays.

La plupart des observateurs se rallient au pronostic de la Banque du Canada selon lequel l'expansion a été contenue à environ 1% seulement en rythme annuel durant l'été.

Ils s'entendent beaucoup moins, en revanche, sur la capacité de l'économie de rebondir en cette fin d'année ou au début de l'an prochain, comme le prévoient les autorités monétaires.

Tout, en fait, va dépendre à la fois de l'état de l'industrie de la construction des deux côtés de la frontière et de la capacité des Européens et des Américains à surmonter leur crise budgétaire sans compromettre complètement leur croissance.

Chez nous, le nombre de mises en chantier diminue depuis quelques mois. En excédant les 200 000 logements par année, il reste trop élevé cependant quand on considère qu'il se forme environ 180 000 ménages annuellement.

L'austérité budgétaire d'Ottawa et de la plupart des provinces va en outre ralentir les chantiers d'infrastructures.

Reste le bâtiment non résidentiel. La valeur des permis de bâtir du segment commercial, qui représente près de 70% du secteur, était en hausse annuelle d'à peine 1,5% en septembre. Les permis industriels sont en recul de 13,7%, ce qui pourrait refléter la volonté des entreprises de freiner leurs investissements devant les risques qui guettent l'économie américaine, à court terme.

Seuls les permis institutionnels progressent beaucoup, ce qui ne saurait durer.

Pour les travailleurs de la construction, dont les rangs plafonnent depuis un an, ce ne sont guère de bonnes nouvelles.

En revanche, les fabricants de matériaux (bois d'oeuvre, matériel électrique, tuyaux, brique, bardeau, etc.) pourront peut-être réapprovisionner le marché de l'habitation américain qui semble enfin décoller après six ans de dépression.

C'est la pièce manquante à la croissance américaine jusqu'ici. Dans les cycles précédents, la reprise s'était en général appuyée sur le bâtiment résidentiel.

La demande refoulée est considérable et les conditions sont réunies pour la satisfaire: bas prix, taux hypothécaires historiquement faibles et accélération de la création d'emplois.

Les fabricants canadiens ne doivent pas laisser passer cette manne. Nos exportations sont encore loin d'avoir rattrapé leur niveau d'avant la récession. Le déficit commercial a même retranché au moins un point à la croissance canadienne durant l'été.

La force du huard y est certes pour quelque chose, mais la mollesse de la reprise américaine aussi.

Des livraisons accrues de biens manufacturiers vers les États-Unis deviennent un enjeu névralgique. Les expéditions de produits pétroliers représentent désormais 16% des exportations canadiennes alors que les États-Unis accélèrent l'exploitation de schistes bitumineux afin de réduire leur dépendance.

La diversification des débouchés reste un objectif stratégique à moyen terme. À court terme, il faudra miser de nouveau sur notre premier partenaire commercial, d'autant plus qu'il se porte mieux que l'Union européenne avec qui les négociations d'un accord commercial progressent plus lentement que prévu.

Il reste à espérer que le Congrès américain parvienne à aplanir le mur budgétaire de quelque 600 milliards d'ici la fin de l'année, de manière à ne pas trop entraver le nouvel élan de l'économie ni l'objectif de stabiliser le poids de la dette à moyen terme.

L'agence de notation de crédit Moody's a déjà prévenu que sans un plan de réduction crédible du déficit, les États-Unis risquent la décote et éventuellement l'ire de leurs créanciers.

Le Canada peut aussi espérer la fin du ralentissement de l'économie chinoise. Sa production industrielle a rebondi enfin le mois dernier, après plusieurs reculs mensuels ventes au détail et des investissements en capital fixe. Tout cela est de nature à soutenir les livraisons et les prix des biens de base, des minerais métalliques et non métalliques en particulier dont le Canada regorge.

L'Europe sortira avec peine de sa récession l'an prochain. Ce n'est pas avant 2015 qu'elle entrera en expansion. Ce n'est pas là que le Canada va redynamiser son expansion.

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Des données inquiétantes au Canada

Déficit commercial annualisé au troisième trimestre: 20 milliards

Déficit annualisé estimé du compte courant: 80 milliards, ou 4,4% du PIB

Mises en chantier (octobre): -8,9%

Permis de bâtir (septembre): -13,2%

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L'Europe tourne au ralenti

Production industrielle allemande (septembre): -1,8%

Production industrielle française (septembre) -2,7%

Production industrielle italienne (septembre) -1,5%

Production industrielle britannique (septembre): - 1,7%