Les dirigeants chinois réunis en congrès à Pékin vont pouvoir s'appuyer sur une série de bons indicateurs économiques pour le mois d'octobre, publiés vendredi, laissant espérer un rebond de la croissance dans la deuxième économie mondiale.

Les hausses de l'activité industrielle, des ventes de détail et des investissements en capital fixe se sont toutes accélérées le mois dernier, tandis que l'inflation a atteint son niveau le plus bas en près de trois ans, selon le Bureau national des Statistiques.

Ces chiffres arrivent à point nommé pour le président Hu Jintao qui a promis, lors de l'ouverture du congrès du 18e du Parti communiste jeudi, la poursuite de la politique de «réforme et d'ouverture» entamée il y a 30 ans.

Il a aussi appelé à un «nouveau modèle de croissance» donnant plus de place à la demande intérieure, et arrêté l'objectif de doubler le revenu par Chinois en dix ans.

Alors que la capitale chinoise et les régions tibétaines ont été placées sous haute surveillance policière et la censure de l'internet renforcée, signalant la nervosité du régime avant l'arrivée de nouveaux dirigeants au pouvoir la semaine prochaine, les bonnes nouvelles économiques sont de nature à rassurer les investisseurs sur les perspectives de la deuxième économie mondiale.

Vendredi toutefois, la Bourse de Shanghai a terminé en recul de 0,12% après un regain d'inquiétude sur les économies européenne et américaine, principaux partenaires commerciaux de la Chine.

Le rebond de l'activité en octobre permet aux analystes d'espérer une accélération de la croissance, qui est tombée à 7,4% au troisième trimestre, en baisse pour le septième trimestre consécutif et à son niveau le plus bas depuis la crise financière mondiale.

L'augmentation de la production industrielle a atteint 9,6% sur un an, contre 9,2% au mois de septembre. Sur les dix premiers mois de l'année, elle s'élève désormais à 10%, par rapport à la même période de 2011.Les ventes de détail, jauge de la consommation des ménages, ont elles progressé de 14,5% sur un an en octobre, contre 14,2% en septembre.

Enfin, la hausse des investissements en capital fixe s'est légèrement accélérée à 20,7% pour les dix premiers mois de l'année, contre 20,5% pour les neuf premiers.

Ces investissements se sont élevés à plus de la moitié du Produit intérieur brut (PIB) chinois l'an passé et bénéficient des récentes mesures de soutien à l'activité du gouvernement pour juguler le ralentissement de la croissance.

Parallèlement à ces hausses, l'indice des prix a continué de fléchir, tombant avec 1,7% de hausse sur un an à son plus faible niveau depuis janvier 2010, une situation qui donne de la marge au gouvernement pour soutenir l'activité en assouplissant sa politique monétaire.

«Voilà un ensemble de chiffres bien sympathiques pour souhaiter la bienvenue à un nouvel ensemble de dirigeants en Chine !», ont commenté Alistair Thornton et Ren Xianfang, économiste chez IHS Global Insight basé à Pékin.Ils relèvent que le directeur du BNS avait déclaré avant la publication de ces chiffres qu'ils rendraient les observateurs «plus confiants» dans l'état de la deuxième économie mondiale.

«Le gouvernement ne pouvait pas se permettre de mettre en péril l'économie en novembre, et sa stratégie de soutenir la croissance paraît avoir porté ses fruits au cours des derniers mois», ont ajouté les deux économistes.

Selon Lu Ting, de Bank of America-Merrill Lynch, il est maintenant possible d'affirmer que la croissance va repartir à la hausse au quatrième trimestre.

«Nous maintenons notre prévision de 7,8% pour le quatrième trimestre et de 8,3% pour la première moitié de 2013, et nous nous attendons à ce que nos concurrents révisent bientôt à la hausse leurs prévisions», a déclaré M. Lu.

Selon cet économiste, il faut s'attendre à «plus de mesures d'assouplissement (monétaire), mais pas à un grand plan de relance».

Pour répondre la crise financière de 2008, Pékin avait adopté un plan de relance de 400 milliards d'euros et ouvert en grand les vannes de crédit.

Stimulant la demande intérieure, ces mesures avaient eu pour corollaire une accélération de la hausse des prix, qui avait culminé en juillet à 6,5% en rythme annuel en juillet 2011.

L'inflation a ensuite reculé, sous le triple effet d'une politique monétaire plus restrictive, de restrictions imposées pour éviter la formation d'une bulle spéculative dans le secteur immobilier et de prix moins élevés des matières premières sur le marché mondial.

Mais face à la possibilité d'un ralentissement brutal et alors que la crise de la dette en Europe provoque des difficultés pour ses exportateurs, la Chine a depuis décembre dernier assoupli sa politique monétaire.

La banque centrale a ainsi baissé à trois reprises les réserves obligatoires des banques pour leur permettre de prêter davantage, et réduit par deux fois les taux d'intérêt directeurs.

Pékin a également relancé cet été l'investissement dans certaines infrastructures comme les transports ferroviaires.