Le numéro 3 américain de la téléphonie mobile, Sprint Nextel, a annoncé jeudi qu'il pourrait passer sous le contrôle du Japonais Softbank, une opération évaluée à plusieurs milliards de dollars et montrant que la recomposition du secteur s'accélère aux États-Unis.

Sprint «est engagé dans des discussions avec Softbank concernant un investissement potentiel important de Softbank dans Sprint», qui «pourrait impliquer un changement de contrôle de Sprint», a-t-il indiqué dans un bref communiqué.

Le groupe dit n'avoir «pas de garantie» que les négociations aboutissent et ne donne aucun détail financier.

Mais il alimente la thèse de plusieurs médias japonais, selon lesquels Softbank serait prêt à mettre une vingtaine de milliards de dollars sur la table pour acquérir les deux tiers des actions de Sprint.

Le Wall Street Journal américain évoque pour sa part une transaction de plus de 13 milliards de dollars.

La capitalisation boursière de Sprint, au cours actuel, est d'un peu plus de 17 milliards. La perspective du rapprochement avec Softbank a fait bondir son action de jusqu'à 20% jeudi à Wall Street, et elle engrangeait encore 10,91% à 5,59$ vers 13h45.

Le titre du fournisseur d'accès à internet Clearwire, dont Sprint détient un peu moins de 50%, s'envolait pour sa part de 42,31% à 1,85$, le marché espérant qu'il soit impliqué dans la transaction.

Le rapprochement entre Softbank et Sprint est le deuxième projet de consolidation annoncé depuis le début du mois dans le secteur américain de la téléphonie mobile.

Le numéro 4 du marché, T-Mobile USA, une filiale de l'Allemand Deutsche Telekom, avait dévoilé la semaine dernière son intention de se marier avec son plus petit compatriote MetroPCS. La transaction, assez complexe, doit laisser à Deutsche Telekom 74% du nouvel ensemble, qui sera coté en Bourse.

Jeff Kagan, un analyste indépendant spécialisé dans le secteur technologique, a estimé jeudi qu'un rapprochement avec Softbank «serait une bénédiction pour Sprint Nextel, qui a des problèmes depuis des années».

Avec 56 millions de clients revendiqués à la fin du deuxième trimestre, Sprint reste devant l'ensemble T-Mobile USA/MetroPCS (42,5 millions d'abonnés) mais est largement distancé par Verizon (94,2 millions) et AT&T (105 millions).

Estimant que Sprint aurait intérêt à augmenter son échelle, le marché avait même spéculé ces derniers jours sur une contre-offre pour MetroPCS, dont l'action accusait le coup jeudi (-5,31% à 11,40$).

Plusieurs analystes se montraient néanmoins sceptiques sur l'intérêt d'un rapprochement avec Softbank.

«Les fondamentaux et la stratégie dans les télécoms sont centrés sur un pays ou un continent», ont notamment estimé ceux de Citibank, rappelant que les opérateurs ayant essayé auparavant de se lancer dans une stratégie mondiale ont souvent enregistré des retours décevants.

Deutsche Telekom en est un bon exemple: son aventure américaine avec T-Mobile USA s'est avérée très coûteuse.

Avant même le mariage avec MetroPCS, l'Allemand avait déjà tenté l'an dernier de se débarrasser de sa filiale américaine en la revendant à AT&T. Les autorités américaines de la concurrence avaient toutefois mis leur veto.

«À première vue, il y a peu de logique ou de synergies dans l'achat par Softbank d'une participation dans Sprint», juge aussi Bank of America - Merrill Lynch.

La banque envisage toutefois une stratégie en deux étapes: «Une option, à notre avis, serait d'injecter des liquidités dans Sprint pour lui permettre de faire une offre pour 100% de T-Mobile USA», envisage-t-elle.

Elle relève que cela pourrait être une bonne solution à la fois pour Sprint et pour Deutsche Telekom, tout en permettant de créer de la valeur pour Softbank.