Ce n'est pas l'hécatombe appréhendée, mais les résultats présentés hier par Research in Motion (RIM) (RIM) demeurent écrits à l'encre rouge foncé.

Le fabricant ontarien du BlackBerry a fait état d'une perte de 235 millions de dollars américains au deuxième trimestre, ou 45 cents par action, alors que les analystes prévoyaient une perte moyenne de 47 cents. Cela se compare à un profit de 329 millions il y a un an.

Les liquidités et investissements ont aussi causé la surprise. Ils ont grimpé de 100 millions depuis le trimestre précédent, à 2,3 milliards, alors que certains analystes s'attendaient à ce qu'ils chutent sous la barre des 2 milliards. Une hausse inattendue qui a contribué au bond de plus de 25% du titre de RIM lors des échanges électroniques après la fermeture des marchés.

«Ils n'ont pas flambé leurs liquidités, et c'est ce qui calme les investisseurs», a déclaré à Bloomberg Neeraj Monga, analyste à la firme torontoise Veritas Investment Research.

Les revenus ont grimpé de 2% sur un trimestre, à 2,9 milliards. Le chiffre d'affaires reste toutefois en baisse marquée de 31% par rapport à la période correspondante l'an dernier.

Concurrence féroce

RIM a perdu peu à peu sa position dominante dans l'industrie des téléphones intelligents, au fur et à mesure que ses concurrents ont gagné en popularité. La part mondiale du fabricant de Waterloo dans ce segment a baissé de 12% il y a un an à 4,8% au deuxième trimestre de 2012, selon la boîte d'analyse IDC.

Si la concurrence de l'iPhone d'Apple et des appareils Android de Google a continué à affecter la performance de RIM, le groupe ontarien a tout de même réussi à faire passer de 78 à 80 millions sa base mondiale d'abonnés. Les marchés émergents d'Asie et d'Afrique - moins payants que les pays développés - ont soutenu cette croissance.

RIM mise gros sur son BlackBerry 10 - qui utilisera une toute nouvelle plateforme - afin de reprendre une partie du terrain perdu face à ses concurrents. Le lancement du BB10 accuse plus d'un an de retard, ce qui a suscité de nombreux soupirs d'exaspération chez les analystes financiers.

Le produit est toutefois «sur les rails pour être lancé pendant le premier trimestre de l'année-calendrier 2013», a affirmé hier Thorsten Heins, président et chef de la direction de RIM. Le groupe s'attend justement à des dépenses accrues en publicité et marketing en vue du lancement prochain de son nouveau téléphone.

L'entreprise a poursuivi sa restructuration tout au long du trimestre en vue de retrouver la rentabilité. En excluant les charges spéciales liées à cette réorganisation, la perte nette aurait atteint 142 millions (27 cents par action).

«Ne vous y méprenez pas: nous comprenons que nous avons encore beaucoup de travail à faire, mais nous mettons en place les changements organisationnels pour accélérer les améliorations partout dans la société, nos employés sont dédiés et motivés», a souligné Thorsten Heins dans le communiqué.

RIM a vendu 7,4 millions de BlackBerry pendant le deuxième trimestre, ainsi que 130 000 exemplaires de sa tablette PlayBook, considérée comme un échec commercial.

Après un sommet de 149,90$ atteint en juin 2008, l'action ne valait plus que 6,96$ hier à la clôture Bourse de Toronto. (Les résultats ont été publiés après la fermeture des marchés.)

(année financière 2013, dollars US)

Perte nette: 235 millions

Perte par action: 45 cents

Chiffre d'affaires: 2,9 milliards