La croissance peine à gagner de l'élan aux États-Unis après avoir considérablement marqué le pas au printemps, au vu d'une nouvelle série d'indicateurs économiques publiés jeudi.

Le gouvernement américain a annoncé avoir revu en baisse de 0,4 point son estimation de la hausse du produit intérieur brut du deuxième trimestre, à 1,3%.

Ce chiffre correspond au taux de croissance le plus faible relevé depuis le premier trimestre 2011 et est loin du minimum jugé nécessaire par la banque centrale américaine (Fed) pour permettre au chômage de baisser (2,3 à 2,5%).

Le département du Commerce a indiqué que la cause principale de la révision du PIB était liée à celle des stocks agricoles, pour tenir compte de la grave sécheresse qui frappe les États-Unis depuis le mois de juin.

Un des dirigeants de la Fed, Charles Plosser, avait déclaré mardi que cette sécheresse, particulièrement intense dans les grandes plaines agricoles du Centre, devrait coûter un demi-point de croissance au deuxième semestre.

«Dans l'ensemble, l'élan de l'économie est faible», note Nigel Gault, économiste du cabinet IHS Global Insight, pour qui la croissance ne devrait atteindre que 1,5% pour le trimestre qui s'achève dimanche.

«Les nouvelles en provenance du marché du logement sont certes meilleures qu'auparavant, ajoute-t-il, mais le secteur manufacturier traverse une passe difficile à cause d'un affaiblissement des exportations et de l'investissement des entreprises dans leur appareil de production».

Les industries manufacturières ont été jusqu'à la fin du printemps le moteur principal de la reprise économique américaine entamée à l'été 2009.

La chute de 13,2% des commandes de biens durables annoncée jeudi par le gouvernement pour le mois d'août traduit bien les difficultés actuelles de ce secteur.

Consommation et immobilier en soutien

Cette baisse a été amplifiée par un effondrement des commandes d'avions (agggravé par l'annulation d'une commande de de 35 Boeing 787 par la compagnie australienne Qantas) après deux mois de très forte hausse, mais les chiffres officiels dessinent une tendance très nette de ralentissement depuis plusieurs mois.

Joel Naroff, de Naroff Economic Advisors, explique cela par la réticence des entreprises à investir vu l'incertitude entourant l'évolution de la politique fiscale et budgétaire des États-Unis à partir de janvier prochain, que les élections présidentielles et législatives de novembre ne feront pas nécessairement disparaître.

Pour M. Gault il convient d'ajouter le ralentissement de l'économie chinoise et la récession européenne, qui «pèsent» sur les exportations américaines.

Un peu plus optimistes que lui, les analystes de Macroeconomics Advisors et ceux de Barclays Capital estiment que la croissance économique du troisième trimestre devrait atteindre 1,8%.

Pour la suite, la croissance devrait pouvoir être soutenue par la consommation, étant donné que le moral des ménages s'améliore de nouveau, et peut-être enfin par l'immobilier.

L'Association nationale des agents immobiliers américaine (NAR) a indiqué en effet jeudi que le redressement du marché du logement se poursuivait en dépit d'un recul des promesses de vente en août après le point haut qu'elles avaient touché le mois précédent.

La forte baisse des nouvelles inscriptions hebdomadaires au chômage annoncée par le gouvernement était également jugée encourageante, mais elle semble surtout marquer un coup d'arrêt à six semaines de détérioration sur ce front.