Les entreprises canadiennes ont tout intérêt à partir rapidement à la conquête des marchés asiatiques si elles veulent continuer leur croissance: d'ici 2030, la Chine, l'Inde et l'Indonésie abriteront 68% de la classe moyenne de la planète, soit la grande majorité des consommateurs.

À titre de comparaison, seulement 7% de la classe moyenne vivra en Amérique du Nord, et 14% en Europe. Une entreprise qui choisit d'ignorer les marchés asiatiques le fera à son propre péril, a-t-on entendu hier au premier jour de la conférence organisée par le Conseil canadien des chefs d'entreprises (CCCE).

Cette conférence, intitulée «Le Canada à l'ère du Pacifique», réunit des gens d'affaires parmi les plus influents du pays, des experts de l'Asie et des ministres du gouvernement Harper afin de faire le bilan de la présence canadienne dans cette région du monde et d'analyser les meilleures stratégies pour profiter de l'énorme potentiel économique qu'elle représente pour le pays.

«Nous sommes au début d'une nouvelle ère qui apportera des changements importants qui affecteront les Canadiens pour de nombreuses années à venir», a affirmé d'emblée Dominic Barton, grand patron de McKinsey&Company, plus grande firme de consultants du monde.

«C'est une occasion historique d'une ampleur sans précédent. Si nous n'embarquons pas, nous allons manquer quelque chose qui est indispensable à notre succès économique.»

L'urbanisation rapide de la Chine, de l'Inde et de l'Indonésie fait en sorte que la demande en ressources naturelles et en énergie, notamment, augmentera, ce qui fera du Canada un acteur important dans cette ascension économique, a-t-il dit.

Le gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, qui participe à cette conférence, a soutenu que la Chine représente un marché attrayant pour les entreprises canadiennes, même si la croissance économique commence à ralentir. Cette année, on s'attend à ce que la Chine enregistre une croissance de 7,5%, soit un rythme deux fois moins élevé qu'en 2007.

Mais ce taux de croissance, qui fait rêver les pays industrialisés, contribuera pour une valeur de 600 milliards de dollars américains à l'économie mondiale - le double de la contribution de l'économie des États-Unis cette année à la croissance mondiale.

Mark Carney a invité les entreprises à s'intéresser davantage au marché asiatique. Il a souligné qu'elles sont en moyenne deux fois moins présentes en Asie que les entreprises des autres pays du G7.

«Il n'est pas trop tard pour le faire, compte tenu de l'augmentation importante de la classe moyenne», a-t-il dit.

Le président et co-chef de la direction de Power Corporation, André Desmarais, a soutenu que le gouvernement canadien joue un rôle déterminant dans le succès des entreprises en Asie en cultivant des relations étroites et respectueuses avec les autorités chinoises, par exemple.

M. Desmarais, dont l'entreprise brasse des affaires depuis plusieurs années en Chine, espère que le Canada et la Chine signeront un accord de libre-échange - une possibilité évoquée en fin de semaine par l'ambassadeur de la Chine au Canada, Zhang Junsai, dans une entrevue au quotidien The Globe and Mail.

En soirée, le ministre des Affaires étrangères, John Baird, a soutenu que le gouvernement Harper fait de ses relations avec l'Asie une grande priorité de sa politique étrangère.

«Nous savons tous que la région de l'Asie-Pacifique est essentielle à la création de débouchés économiques élargis pour les Canadiens, a-t-il-dit. Le Canada doit être de la partie. Ce n'est pas un choix. C'est un impératif national.»