Le renforcement espéré de la croissance aux États-Unis risque d'être bien modeste au troisième trimestre au vu de la série d'indicateurs économiques publiés vendredi.

La banque centrale américaine (Fed) a annoncé que la production industrielle du pays avait chuté de 1,2% en août.

La Réserve fédérale a expliqué qu'un quart de cette baisse était imputable à l'ouragan Isaac, dont le passage dans le golfe du Mexique fin août, a entraîné une baisse de l'extraction pétrolière.

Néanmoins, «la production industrielle a connu une baisse généralisée en août, allant bien au-delà des effets de la fureur d'Isaac», note Sal Guatieri, économiste de BMO Marchés des capitaux, pour qui «l'économie américaine peine à gagner de l'élan».

Pour son confrère Erik Johnson, du cabinet IHS Global Insight, «il est manifeste que le ralentissement mondial a rattrapé la production manufacturière» américaine, qui était jusque-là le moteur principal de la reprise économique entamée à l'été 2009.

«Les commandes en provenance de l'étranger baissent du fait de l'intensification de la récession (...) dans la zone euro et du ralentissement marqué de la croissance dans les marchés émergents», note-t-il.

Selon d'autres chiffres du gouvernement, la hausse des stocks dans l'industrie et le commerce s'est nettement accélérée en juillet. Cela devrait soutenir la croissance du troisième trimestre mais c'est a priori le résultat d'une «demande moins forte que ne l'espéraient les entreprises», explique Peter Newland de Barclays Capital.

Revers de la médaille, estiment ses confrères du cabinet RDQ Economics: cela annonce vraisemblablement une «baisse de la production qui ralentira la croissance» dans les mois à venir.

Relais de croissance

Au vu des chiffres publiés vendredi, Barclays Capital a revu sa prévision de croissance de l'économie américaine en baisse de 0,2 point pour le troisième trimestre, à 2,0% pour le troisième trimestre, soit à peine plus que le 1,7% de croissance relevé officiellement au printemps.

Le cabinet Macroeconomic Advisers a, lui, relevé la sienne à 1,7% (selon lui la croissance n'a atteint que 1,4% au deuxième trimestre).

La Fed a annoncé jeudi une augmentation du montant de la perfusion financière sous laquelle elle maintient l'économie américaine afin de soutenir l'activité du pays, toujours trop faible pour permettre une amélioration notable du marché de l'emploi.

Du fait du ralentissement industriel, les États-Unis doivent trouver un relais de croissance auprès des consommateurs pour pouvoir espérer voir leur économie se sortir de l'ornière.

La hausse de 0,9% des ventes au détail du mois d'août annoncée vendredi par le département du Commerce aurait été une bonne nouvelle si elle n'avait pas été tempérée par les chiffres de l'inflation publiés à la même heure par le département du Travail.

Ceux-ci montrent que la hausse des prix (0,6%), tirée par le renchérissement de l'essence, explique à elle seule les deux tiers de la progression des ventes des détaillants et des restaurateurs.

Néanmoins, les ventes au détail ne représentent qu'un tiers environ de la consommation, et les ménages restent plutôt optimistes en dépit des difficultés si l'on en croit l'indice de confiance des consommateurs américains établi par l'Université du Michigan, et qui se rapproche en septembre de son plus haut niveau d'après la récession.