La Réserve fédérale des États-Unis a annoncé jeudi qu'elle dépenserait 40 milliards de US par mois pour acheter des titres adossés à des créances hypothécaires parce que l'économie est trop faible pour faire reculer le taux de chômage.

À partir de vendredi, la Réserve fédérale rachètera des titres adossés à des créances immobilières émis par les organismes de refinancement hypothécaire parapublics (Fannie Mae, Freddie Mac) à raison de 40 milliards de dollars US par mois, a annoncé le Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC).

La Fed ne fixe pas de date de fin à ce nouveau programme qui va créer de nouveau de la monnaie. Elle indique qu'elle continuera de racheter des titres si «la perspective du marché du travail ne s'améliore pas nettement».

Elle est même prête à augmenter ses rachats ou à employer les «autres moyens» (non précisés) à sa disposition pour parvenir à cette amélioration «dans un environnement de prix stables», indique le FOMC dans un communiqué.

L'économie américaine «a continué de croître à un rythme modéré» au cours des derniers mois, mais «le Comité redoute que, sans nouvelle mesure d'assouplissement monétaire, la croissance économique ne soit pas assez forte pour permettre une amélioration soutenue de la situation du marché du travail», ajoute le FOMC pour justifier la décision de la banque centrale.

De plus, estime-t-il, «les tensions sur les marchés financiers mondiaux continuent» de peser comme une épée de Damoclès sur la reprise américaine.

La Réserve fédérale promet également de maintenir son taux directeur, quasi nul depuis plus de trois ans et demi, à un niveau «exceptionnellement bas» jusque mi-2015 au moins si nécessaire alors que cet engagement conditionnel ne courait jusque-là que jusque fin 2014.

Le FOMC précise qu'il continuera jusqu'à la fin de l'année, ainsi qu'il l'a annoncé en juin, son programme d'échanges d'obligations du Trésor américain par lequel il cède sur les marchés des obligations d'une maturité restante de moins de trois ans pour racheter un montant égal de titres similaires, mais d'une maturité de 6 à 30 ans.

Le but de ce programme baptisé «opération Twist» est de faire basculer vers le long terme la maturité moyenne du portefeuille de bons du Trésor américain que détient la Fed, ce qui lui permet de peser sur les taux à long terme.

L'«opération Twist» et le nouveau programme de rachats auront pour effet d'augmenter le portefeuille de titres à long terme détenus par la Fed de 85 milliards de dollars par mois jusqu'à la fin de l'année.

Pour le FOMC, cela devrait «exercer une pression à la baisse sur les taux d'intérêt à long terme, soutenir le marché des emprunts immobiliers et contribuer à détendre dans l'ensemble l'environnement financier».

Sans grande surprise, un des dirigeants de la Fed, Jeffrey Lacker, a voté contre ces décisions.

M. Lacker estime que la Fed est déjà allée beaucoup trop loin en injectant 2.300 milliards de dollars dans le circuit financier depuis 2008. Il a expliqué à maintes reprises par le passé que cela risquait à ses yeux de mener à terme à une inflation incontrôlable.

Mais le FOMC estime dans son ensemble que l'inflation risque d'évoluer à moyen terme sous son objectif de 2,0% sur un an.

La Fed a pour mission d'assurer la stabilité des prix et le plein emploi, qui correspond selon elle à un chômage compris entre 5,2 et 6,0%, contre 8,1% officiellement en août.

Le communiqué de la Fed

Voici le texte intégral du communiqué de la Réserve fédérale américaine (Fed) publié jeudi à l'issue d'une réunion de son Comité de politique monétaire (FOMC) entamée la veille à Washington (traduction de l'AFP):

«Les renseignements reçus depuis que le FOMC s'est réuni en août suggèrent que l'activité économique a continué à progresser à un rythme modéré pendant les derniers mois. La croissance de l'emploi a été lente et le taux de chômage reste élevé. Les dépenses des ménages ont continué à augmenter mais l'investissement des entreprises dans leur outil de production semble avoir ralenti. Le secteur du logement a montré quelques signes supplémentaires d'amélioration, tout en restant à un niveau très bas. L'inflation a été contenue, bien que les prix de certaines matières premières clés aient récemment augmenté. Les prévisions d'inflation à long terme sont restées stables.

«Conformément à la mission qui lui est fixée par la loi, le Comité cherche à favoriser le plein emploi et la stabilité des prix. Le Comité redoute que, sans nouvelle mesure d'assouplissement monétaire, la croissance économique ne soit pas assez forte pour permettre une amélioration soutenue de la situation du marché du travail. Qui plus est, les tensions sur les marchés financiers mondiaux continuent de faire peser d'importants risques de dégradation sur les perspectives économiques. Le Comité prévoit également qu'à moyen terme l'inflation devrait atteindre son objectif de 2% ou évoluer en-dessous de ce niveau.

Afin de soutenir une reprise économique plus forte et contribuer à faire en sorte que l'inflation, au fil du temps, soit au taux le plus en adéquation possible avec sa double mission, le Comité a décidé aujourd'hui d'étendre sa politique d'assouplissement monétaire en achetant des titres adossés à des créances immobilières émis par les organismes de refinancement hypothécaires parapublics, à un rythme de 40 milliards de dollars par mois. Le Comité poursuivra également jusqu'à la fin de l'année son programme d'allongement de la maturité moyenne de son portefeuille de titres, conformément à ce qu'il a annoncé en juin, et il maintient sa politique actuelle consistant à réinvestir dans des titres adossés à des prêts hypothécaires le remboursement du principal des titres de dette d'organismes parapublics et des titres adossés à des prêts hypothécaires qu'il détient. Ces mesures, qui au total augmenteront le montant d'obligations à long terme détenues par le Comité de 85 milliards par mois jusqu'à la fin de l'année, devrait exercer une pression à la baisse sur les taux d'intérêt à long terme, soutenir le marché des emprunts immobiliers et contribuer à détendre dans l'ensemble l'environnement financier.

Le Comité surveillera étroitement les informations qui lui parviendront sur les développements économiques et financiers dans les prochains mois. Si la perspective du marché du travail ne s'améliore pas nettement, le Comité poursuivra ses achats de titres adossés à des créances immobilières émis par les organismes de refinancement hypothécaires parapublics, procédera à des achats supplémentaires d'actifs, et utilisera ses autres instruments politiques de manière appropriée jusqu'à ce qu'une telle amélioration ait lieu dans un contexte de stabilité des prix. En fixant l'ampleur, le rythme et la nature de ses achats d'actifs, la Comité prendra comme d'habitude en compte, de manière appropriée, l'efficacité et les coûts probables de ces acquisitions.

Pour soutenir les progrès continus vers le plein emploi et la stabilité des prix, la Comité s'attend à ce qu'une position très accommodante sur la politique monétaire reste appropriée pendant une période de temps considérable après le renforcement de la reprise économique. En particulier, le Comité a également décidé aujourd'hui de maintenir l'objectif de la Fed pour le taux de l'argent au jour le jour entre 0 et 0,25% et prévoit que des taux exceptionnellement bas pour le taux de l'argent au jour le jour devraient être justifiés au moins jusqu'à mi-2015.

Ont voté en faveur des mesures de politique monétaire du FOMC: Ben Bernanke, président, William Dudley, vice-président, Elizabeth Duke, Dennis Lockhart, Sandra Pianalto, Jerome Powell, Sarah Bloom Raskin, Jeremy Stein, Daniel Tarullo, John Williams et Janet Yellen. A voté contre Jeffrey Lacker, qui était opposé à de nouveaux achats d'actifs et aurait préféré omettre la description de la période pendant laquelle les conditions économiques sont susceptible de justifier un niveau exceptionnellement bas pour le taux de l'argent au jour le jour».