Pour un troisième mois d'affilée, l'Indice des prix à la consommation (IPC) a reculé en juillet au Canada, ramenant le taux annuel d'inflation à 1,3% seulement, le mois dernier, d'un océan à l'autre.

C'est au Québec toutefois où la progression des prix était la plus tenace, à hauteur de 1,9%, et en Ontario où la désinflation était la plus prononcée avec 0,7%. Statistique Canada précise que le taux élevé d'inflation dans l'économie québécoise est attribuable à la poussée de 3,6% des prix des aliments achetés au restaurant «qui représentent une proportion significative des dépenses des consommateurs» chez nous.

Sur une base désaisonnalisée, les prix ont reculé de 0,1% de juin à juillet, à l'échelle pancanadienne, mus surtout par les replis de 1,1% des coûts de transport, des vêtements et chaussures et des produits et services de soins de santé et de soins personnels.

En revanche, les prix des aliments et du logement étaient légèrement en hausse.

L'indice de référence de la Banque du Canada (IPCX), qui exclut de l'IPC ses huit composantes les plus volatiles, a fait du surplace de juin à juillet. Il trotte désormais au rythme de 1,7% par année, soit trois dixièmes de moins qu'en juin.

«Les données à court terme sont encore plus faibles, note Robert Kavcik, économiste chez BMO Marchés des capitaux. Les variations de trois mois annualisées de l'IPCX sont de -0,3% et celles de l'IPC de -2,3%.»

Toutefois, cette tendance va bientôt s'inverser, de sorte que la prévision de la Banque du Canada d'une progression moyenne de 1,9% de l'IPCX au troisième trimestre n'est pas hors champ. «Des pressions à la hausse pourraient apparaître au cours des prochains mois sur certaines denrées alimentaires en raison de l'impact de la sécheresse sévissant dans plusieurs régions du Canada et des États-Unis», fait remarquer Benoit P. Durocher, économiste principal chez Desjardins.

Néanmoins, les données de juillet ne sont en aucune façon susceptibles de hâter les autorités monétaires dans leur volonté de hausser modestement les taux d'intérêt.

En fait, un article paru jeudi dans la Revue de la Banque du Canada milite plutôt pour un assouplissement monétaire.

Selon Patrick Sabourin, signataire d'une fine analyse des biais de l'IPC, l'indice aurait surestimé de 0,5 point de pourcentage par année la mesure totale de l'inflation, de 2005 à 2011. Il identifie quatre faiblesses de l'IPC: les biais attribuables à la substitution de produits, de points de vente au détail, à l'arrivée de nouveaux produits et aux variations de qualité. Des quatre, c'est le premier qui pèse le plus puisque Statistique Canada modifie tous les quatre ans la composition de son panier de biens et services dont elle mesure les variations mensuelles de prix (bien que la période sera ramenée à deux ans prochainement).

Entre-temps, cela signifie que le taux réel d'inflation en juillet serait plutôt de 0,8% au lieu de 1,3%. C'est en deçà de la fourchette cible de 1% à 3% de la Banque du Canada.

«Cela rend difficile de s'attendre à ce que la Banque maintienne sa volonté de resserrer les taux lors de sa décision du 5 septembre», note Derek Holt, économiste principal chez Scotia Capitaux.