Les flèches de Katniss Everdeen. Le feu dans les forêts de Panem. La salle de contrôle du gouvernement. Le studio québécois d'effets spéciaux Hybride a laissé sa marque sur le film The Hunger Games.

Le studio de Piedmont, dans les Laurentides, a agi comme le principal concepteur d'effets spéciaux de The Hunger Games, réalisant 23 minutes des effets spéciaux du deuxième film le plus populaire en Amérique du Nord cette année. Il s'agit de l'un des mandats les plus prestigieux d'Hybride, après les films Avatar et 300. «C'est l'un de nos meilleurs coups», dit Pierre Raymond, président d'Hybride Technologies, une PME de 100 employés achetée par le géant français du jeu vidéo Ubisoft en 2008.

À la sortie du film en mars dernier, Pierre Raymond a appris que son studio avait été le principal producteur d'effets spéciaux de The Hunger Games. Hybride a réalisé 367 plans d'effets de juin 2011 à février 2012.

«Nous travaillions un peu en vase clos, dit Pierre Raymond. Les studios de cinéma révèlent rarement en cours de projet qui est leur principal concepteur d'effets spéciaux. Nous savions que les livres The Hunger Games étaient populaires aux États-Unis, mais nous n'avions pas saisi tout l'impact que le film aurait.»

Avec 407 millions au box-office américain, The Hunger Games a été le deuxième film le plus lucratif cette année derrière The Avengers (The Dark Knight Rises devrait toutefois le dépasser ce week-end). Le DVD de The Hunger Games, qui comprend plusieurs scènes de making of réalisées par Hybride, sort aujourd'hui en Amérique du Nord.

Plusieurs scènes clés du film à succès ont été confiées à Hybride, qui a conçu la salle de contrôle du gouvernement, les feux dans les forêts de Panem et les flèches de l'héroïne Katniss Everdeen. «La salle de contrôle du gouvernement n'était pas dans le livre, dit Pierre Raymond. C'était l'une des initiatives du réalisateur. Beaucoup de scènes ont été tournées dans de vraies forêts, mais c'est nous qui avons mis le feu. Nous avons fait beaucoup d'effets spéciaux qui n'étaient pas perceptibles. Quand tu rajoutes des effets spéciaux, des flèches par exemple, sur du contenu réel, tu n'as pas de marge de manoeuvre.»

Nouvelle relation d'affaires

En plus du défi, The Hunger Games représente peut-être le début d'une relation d'affaires avec le studio Lions Gate. Depuis 1994, Hybride s'est bâti une réputation enviable à Hollywood où elle brasse 80% de ses affaires, mais la boîte québécoise n'avait jamais encore travaillé pour Lions Gate, le plus important studio indépendant à Hollywood. «Il y a rarement un bilan du studio pour les effets spéciaux, mais cette fois-ci, non seulement il y en a eu un, mais il a été très positif», dit Pierre Raymond.

Hybride espère être sur les rangs pour réaliser les effets spéciaux des trois prochains films basés sur les romans de l'auteure Suzanne Collins. Le prochain film, The Hunger Games: Catching Fire, apparaîtra sur les écrans de cinéma en novembre 2013.

D'ici là, Hybride n'a pas l'intention de chômer. La boîte québécoise d'effets spéciaux travaille actuellement sur trois projets: deux films américains (top secret, comme c'est la règle à Hollywood) et Jappeloup, un film français du réalisateur québécois Christian Duguay sur l'histoire d'un cheval champion olympique.

Malgré le succès immense de The Hunger Games, Hybride a exécuté ses deux mandats les plus prestigieux à Hollywood sur Avatar (11 minutes d'effets spéciaux) et 300 (45 minutes d'effets spéciaux). Le réalisateur de 300, Zach Snyder, est aux commandes du prochain film de Superman, Man of Steel, qui sortira en 2013. Une heureuse coïncidence qui permettra à Hybride de faire voler Superman? «Ce serait un beau défi, mais il faudra voir si notre carnet de commandes nous permet d'accepter un tel mandat à ce moment-là», dit Pierre Raymond.

PHOTO FOURNIE PAR LIONS GATE

«Beaucoup de scènes ont été tournées dans de vraies forêts, mais c'est nous qui avons mis le feu», explique Pierre Raymond, président d'Hybride Technologies.