La performance du Canada au niveau du commerce international de marchandises s'est détériorée pour le troisième mois consécutif en juin, fournissant une nouvelle preuve de l'impact qu'a le ralentissement économique mondial sur ce secteur clé de l'économie du pays.

Statistique Canada a rapporté jeudi que le déficit commercial du Canada avec le monde a presque doublé, passant de 954 millions de dollars en mai à 1,8 milliard en juin.

Juin est ainsi devenu le mois ayant présenté le pire déficit mensuel depuis près de deux ans.

Bien que les résultats aient presque doublé les chiffres auparavant avancés par les économistes, les analystes ont souligné que le portrait général n'était pas aussi sombre que les résultats pouvaient le laisser paraître, car le déficit se trouve entièrement du côté des importations, qui ont augmenté de 2,3%.

Les exportations ont affiché une légère hausse de 0,2% et les volumes ont enregistré une hausse encore plus importante, à la hauteur de 1,1%. Cette dernière s'explique par le fait que les importations de pétrole brut ont reculé de 18,2% pour s'établir à 2,2 milliards de dollars en raison d'une baisse des volumes et des prix, mais en revanche, les produits dérivés du pétrole et du charbon ont connu une forte hausse des volumes, principalement en raison d'une augmentation des importations d'huiles légères et préparations.

Les gains ont tous été enregistrés dans le même secteur, celui des exportations de produits de l'automobile, qui a connu une augmentation de 13,9%, la plus importante depuis cinq ans.

Certains économistes trouvent l'augmentation des exportations rassurante, car elle traduit selon eux la solidité de l'économie canadienne dans un contexte où l'économie mondiale est fort fragile. Même la hausse des importations pourrait indiquer une hausse des activités du secteur intérieur, au dire de l'analyste David Madani, de Capital Economics.

Les économistes sont également encouragés par les importations de machines et d'équipement, qui ont augmenté de 3,2% pour atteindre un sommet sans précédent de 11,2 milliards en juin. Selon les experts, ces transactions reflètent une accélération des investissements commerciaux, longuement attendus, qui pourraient permettre de payer des dividendes afin d'améliorer la compétitivité.

Selon Doug Porter de la Banque de Montréal, cependant, il est difficile de voir les échanges commerciaux autrement que d'un oeil négatif, pour ensuite passer à autre chose.

Pendant la période de trois mois qui a pris fin en juin, le déficit commercial du Canada a atteint 3,3 milliards de dollars, en comparaison à un surplus de 2,2 milliards au premier trimestre.

«Le profit net des échanges commerciaux a diminué d'environ un point et demi de pourcentage de la croissance du produit intérieur brut au deuxième trimestre, nous contraignant à réduire nos estimations pour la croissance au deuxième trimestre d'un dixième à 1,7%», a expliqué M. Porter.

«La bonne nouvelle, c'est que le prix des produits de base a rebondi depuis le creux qu'ils ont connu en juin. Cela devrait aider les exportations canadiennes au cours des prochains mois, si les volumes se maintiennent.»

D'autres indicateurs économiques dévoilés jeudi ont dressé un portrait plus nuancé des perspectives économiques.

Le nombre de nouvelles résidences a chuté à 208 500 unités en juillet, en comparaison à 222 100 le mois précédent. La situation est toujours saine, cependant, et les prix des maisons ont augmenté de 0,2% en juin.

Au sud de la frontière, les États-Unis ont affiché le déficit commercial le plus bas depuis 18 mois, ce qui est un bon indicateur pour le Canada, car il exporte les trois quarts de ses biens vers ce marché, le plus important du monde.

En entrevue avec la chaîne britannique BBC, le gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, a toutefois admis que certaines situations prouvaient déjà l'impact du ralentissement économique mondial et de la crise européenne sur le Canada, particulièrement au niveau des exportations.

«La situation mondiale a eu un effet inattendu; les prix des produits de base ont chuté drastiquement, d'environ 15% au cours des derniers mois», a expliqué M. Carney.

«Nous observons un ajustement et une décélération assez synchronisée de l'économie mondiale en ce moment.»

En juin, les exportations ont atteint 39,1 milliards. Les importations ont poursuivi leur tendance à la hausse, atteignant un sommet sans précédent de 40,9 milliards. Six des sept secteurs ont enregistré des hausses, celui des machines et de l'équipement ayant le plus contribué à la croissance.

Les importations en provenance des États-Unis ont augmenté de 3 pour cent pour atteindre un sommet inégalé de 25,9 milliards en juin. Il s'agissait d'une troisième hausse mensuelle consécutive. Les exportations ont crû de 2,2% pour s'établir à 29 milliards. Cela a réduit l'excédent commercial du Canada avec les États-Unis, qui est passé de 3,2 milliards en mai à 3,1 milliards en juin.

Les importations en provenance des pays autres que les États-Unis ont augmenté de 1,1% pour s'établir à 15 milliards. Les exportations vers les pays autres que les États-Unis, en baisse pour un troisième mois consécutif, ont diminué de 5,2% pour se chiffrer à 10,1 milliards. Par conséquent, le déficit commercial du Canada avec les pays autres que les États-Unis s'est accru, passant de 4,2 milliards en mai à 4,9 milliards en juin.