La Banque centrale européenne a laissé jeudi son principal taux directeur inchangé, à 0,75%, soit son plus bas niveau historique auquel il avait été ramené en juillet, une décision largement anticipée.

En conférence de presse, le président de la Banque centrale européenne Mario Draghi a déclaré que «l'euro est irréversible».

Il juge «inacceptables» les envolées des taux d'emprunt de l'Espagne et de l'Italie, malgré les efforts déployés par la zone euro pour sortir de la crise.

«Les gouvernements doivent continuer les efforts de consolidation budgétaire, de réformes structurelles pour améliorer la compétitivité et de réformes institutionnelles au niveau européen», a-t-il ajouté.

Mario Draghi a déclaré jeudi que la banque pouvait intervenir sur le marché obligataire.

La BCE «peut entreprendre des opérations sur le marché obligataire d'une taille adéquate pour atteindre son objectif», a dit Mario Draghi, appelant toutefois les gouvernements à se préparer à faire intervenir les fonds de secours européens FESF et MES sur le marché obligataire et à poursuivre les mesures d'assainissement nécessaires.

«La politique monétaire ne peut pas tout, et surtout pas compenser le manque d'action des politiques», a ajouté M. Draghi, qui a affirmé l'engagement unanime des 23 membres du conseil des gouverneurs à «tout faire» pour protéger la zone euro.

L'un d'entre eux s'est toutefois prononcé contre la possibilité de réactiver le programme de rachat d'obligations publiques sur le marché secondaire, a déclaré son vice-président Vitor Constancio, sans dire lequel.

La banque centrale allemande, la Bundesbank, s'est ouvertement opposée à cette éventualité.

Malgré ses engagements à agir et un ton très ferme tout au long de la conférence de presse, M. Draghi n'a pas convaincu les marchés dont il voulait restaurer la confiance

Il a aussi affirmé jeudi que le conseil des gouverneurs avait rejeté pour l'instant l'hypothèse de porter son taux de dépôt à un niveau négatif.

Interrogé sur une possible baisse du taux de dépôt de la BCE, actuellement de 0%, M. Draghi a indiqué qu'une possible réduction des taux d'intérêt avait été discutée.

«Mais le conseil des gouverneurs a décidé à l'unanimité que ce n'était pas le moment.» 

Il s'agirait d'entrer dans «des eaux en grande partie inconnues», a-t-il ajouté.

Draghi estime qu'il était «inutile» de spéculer contre l'euro en pensant qu'il allait disparaître.

«Il reste, il reste, il reste. Il est inutile de spéculer contre l'euro», a-t-il martelé.

Angleterre

La Banque d'Angleterre (BoE) a par ailleurs, comme anticipé, annoncé jeudi le maintien de son taux directeur à 0,5% et avoir laissé inchangé le montant total de son programme de rachats d'actifs dont la dernière tranche en date, lancée le mois dernier, est encore en cours.

Lors de sa réunion des 4 et 5 juillet, le Comité de politique monétaire (CPM) de la banque centrale britannique avait opté pour une augmentation du montant total du programme de rachats d'actifs de la BoE de 50 milliards de livres (63,9 milliards d'euros) pour le porter à 375 milliards de livres.

La banque centrale britannique a confirmé que cette extension prendra encore trois mois à être complétée et que le montant total du programme reste sous surveillance.