Ce sera une fête peu remarquée, mais le Canada et le reste du monde devraient se réjouir du troisième anniversaire marquant la fin de la grande Récession.

Le troisième trimestre de l'année 2009, qui couvre les mois de juillet à septembre, avait sonné la fin de la récession, le Canada et plusieurs autres pays industrialisés commençant à remonter à la surface après plusieurs mois passés dans la tourmente économique.

La reprise tarde toutefois à se faire sentir.

Lors d'allocutions distinctes tenues au courant de la semaine dernière, le président de la Réserve fédérale américaine, le gouverneur de la Banque du Canada et le Fonds monétaire international ont tous livré un message semblable. L'économie mondiale ne tient qu'à un fil, le rythme de la croissance est anémique et le retour des embauches massives ne sera pas connu avant des années.

Le Canada s'en sort mieux que nombre de pays d'Europe, mais les résultats auraient tout de même pu être meilleurs. La première année de reprise avait été marquée par une production accrue de 3,2 pour cent, avant de fléchir à 2,4 pour cent en 2011. Selon les prévisions consultées, ces données devraient encore reculer cette année, se fixant entre 1,5 et 2,1 pour cent.

Et il s'agit là de la production intérieure brute (PIB), qui comprend la croissance de la population d'environ 1,2 pour cent par année. Si l'on tient compte du fait que les Canadiens sont plus nombreux à produire qu'à dépenser, le portrait global sera alors nettement différent.

En scrutant les données par habitant, une mesure plus précise pour évaluer la richesse de la population d'un pays, on s'aperçoit que les Canadiens ne sont pas encore, de façon générale, de retour à leur niveau de vie précédant la crise de 2008-2009.

Le PIB par habitant, en dollars ajustés à l'inflation, a atteint 40 015,79 $ au dernier trimestre de 2007, alors qu'il ne s'établissait qu'à 39 648,11 $ pour l'année financière en cours.

La reprise est plus difficile qu'elle ne l'est habituellement, alors que les reculs importants sont en temps normal balancés par des hausses tout aussi majeures.

Mais cette récession n'avait rien de normal et il ne faudrait pas s'attendre à un retour à l'équilibre qui le soit, a soutenu la semaine dernière le patron de la Banque du Canada, Mark Carney.

Il a expliqué que si les difficultés éprouvées au lendemain de la crise financière majeure avaient pu être prévues, tout comme la faiblesse de l'économie américaine se faisant ressentir sur les exportations canadiennes, cela n'avait pas été le cas de la crise en Europe.

«Je dirais que l'étendue de la crise de la dette souveraine en Europe, c'est ce qui a été plus long et plus profond que ce nous avions estimé», a mentionné M. Carney.

Ce qui s'est bien passé, disent les analystes, c'est la politique énergique d'action, avec des milliards de dollars injectés pour stimuler l'économie, en plus des baisses significatives apportées aux taux d'intérêt. Ottawa et les provinces ont fourni quelque 60 milliards $ en mesures de stimulation économique, tandis que le gouverneur Carney a abaissé son taux d'intérêt directeur à son plancher de 0,25 pour cent.