Le fabricant finlandais de téléphones mobiles Nokia a annoncé jeudi une très lourde perte au deuxième trimestre, quasiment quadruplée sur un an à 1,41 milliard d'euros, creusée par la baisse du chiffre d'affaires.

En pleine restructuration, le groupe se trouve toujours dans une situation compliquée à l'issue d'un trimestre qualifié de «difficile», où le chiffre d'affaires a plongé de 19% à 7,542 milliards d'euros.

Si la perte est plus de deux fois supérieure à celle qu'attendaient les analystes interrogés par Dow Jones Newswires, le chiffre d'affaires est toutefois meilleur que prévu.

Nokia a indiqué dans un communiqué avoir vendu 2% plus de téléphones qu'un an auparavant, avec 73,5 millions d'unités. Mais l'ancien numéro un mondial du secteur reste très loin de la concurrence de l'américain Apple ou du coréen Samsung.

Le Finlandais est engagé dans une restructuration coûteuse et «prend des mesures pour passer cette période de transition», a rappelé son directeur général Stephen Elop cité dans le communiqué,

Il a signé début 2011 un partenariat avec le géant américain des logiciels Microsoft, dont M. Elop est un ancien dirigeant. Il s'est lancé dans la vente d'actifs non stratégiques et la fermeture de sites dont un centre de recherche et développement en Allemagne et une usine en Finlande, à Salo (sud-ouest).

Nokia compte sur sa dernière gamme de téléphones multifonctions, le Lumia, pour compenser l'échec des modèles plus anciens, dont le Symbian.

Le groupe s'est félicité que les ventes de Lumia, à 4 millions d'unités sur le trimestre, aient en particulier dépassé ses attentes aux États-Unis. Cela n'a pas empêché que mi-juillet, au bout de seulement trois mois en magasin, Nokia ait dû diviser le prix du Lumia 900 par deux, à 50$.

Les analystes avaient alors relevé qu'un appareil aussi récent était pénalisé par l'annonce qu'il ne serait pas compatible avec Windows 8, système d'exploitation que Microsoft compte lancer à l'automne.

«Nokia prévoit que le troisième trimestre 2012 sera une période difficile dans les appareils multifonctions du fait d'une transition dans les produits», a souligné le groupe jeudi.

«Nous pensons que le lancement du téléphone Windows 8 sera un catalyseur important pour le Lumia», a affirmé M. Elop sans préciser à quelle époque cet appareil serait mis sur le marché.

Lors d'une conférence téléphonique, il a expliqué que la stratégie de Nokia serait d'élargir son étendue de prix, avec des téléphones de moins en moins chers en entrée de gamme, mais de plus en plus performants et chers dans le haut de gamme.

Un analyste d'Andalys, Ari Hakkarainen, voyait dans la promesse d'un téléphone Windows 8 performant une «méthode Coué». Selon lui, «il ne suffit pas que Nokia mette sur le marché un superbe appareil dans lequel il y a un superbe logiciel», sachant le retard pris par Microsoft face aux plateformes d'applications et multimédias Apple et Android (Google) qui font le succès de la concurrence.

Pour mener à bien sa «transition», et malgré ses pertes, le groupe peut compter sur une trésorerie nette de 4,2 milliards d'euros, en baisse par rapport au trimestre précédent mais plus élevée qu'il y a un an. Il a même versé 742 millions d'euros de dividendes au titre de 2011, exercice où la perte nette s'est montée à 1,2 milliard d'euros.

Ce matelas de sécurité était perçu comme une bonne nouvelle par les investisseurs: 9h30 à la Bourse d'Helsinki, l'action était en hausse de 16,05% à 1,60 euro, dans un marché en progression de 1,73%.

«Nous avons fait de bons progrès dans la gestion de nos liquidités au deuxième trimestre», mais «nous ne donnons pas de prévisions sur notre trésorerie», a souligné le directeur financier, Timo Ihamuotila.