Cogeco Câble, qui vient de quitter le Portugal, tente maintenant sa chance aux États-Unis. Le câblodistributeur québécois achète Atlantic Broadband, le 14e câblodistributeur en importance aux États-Unis, pour 1,36 milliard US. Avec cette transaction, Cogeco Câble augmente sa taille du tiers, passant de 1,6 à 2,2 millions de clients.

L'expansion américaine de Cogeco Câble «était un choix évident» selon le président et chef de la direction Louis Audet. «Il faut bien se rappeler que nonobstant toutes les inquiétudes, l'économie la plus prospère au monde, c'est encore les États-Unis. On investit dans des communautés saines sur le plan économique. Et c'est tout près de chez nous», a dit Louis Audet en entrevue à La Presse.

Cogeco Câble attendait depuis des années l'occasion de faire son entrée aux États-Unis. «Nous analysions les États-Unis avant même d'aller en Europe [en 2006], dit Louis Audet. À cette époque, le taux de change était trop défavorable, alors nous étions hésitants.»

En 2006, Cogeco Câble a plutôt décidé de payer 650 millions pour le câblodistributeur portugais Cabovisao. L'aventure portugaise a tourné au désastre: après avoir radié complètement son investissement, Cogeco Câble a vendu Cabovisao en février dernier pour 59,3 millions. Aux États-Unis, l'histoire sera différente, jure Louis Audet. «La comparaison [avec le Portugal] est injuste. Les comportements des acheteurs de services de télécommunications aux États-Unis sont excessivement proches de ceux au Canada. Les revenus qu'on récolte pour chaque service et les marges bénéficiaires se ressemblent comme deux gouttes d'eau», poursuit Louis Audet, qui a vécu deux ans aux États-Unis pendant son MBA à l'Université Harvard, à la fin des années 70.

Titre en baisse

À première vue, les investisseurs ne partagent pas l'optimisme du grand patron de Cogeco Câble, dont le titre a perdu 14,8% de sa valeur hier après l'annonce de la transaction pour clôturer la séance à 37,90$ à la Bourse de Toronto. «Je déplore que ça baisse comme ça, dit Louis Audet. Nous ne pouvions espérer une meilleure transaction que celle-là. Je formule le voeu que les investisseurs analysent la situation de plus près. Ils vont y voir beaucoup de potentiel pour l'avenir.»

Cogeco a étudié la possibilité d'acheter plusieurs câblodistributeurs américains avant de jeter son dévolu sur Atlantic Broadband, une entreprise détenue en majorité par deux sociétés d'investissement privé (ABRY Partners et Oak Hill Capital Partners). Selon Louis Audet, la clientèle d'Atlantic Broadband, présente dans cinq États américains (Pennsylvanie, Floride, Maryland, Delaware, Caroline-du-Sud) ressemble beaucoup à celle de Cogeco au Québec et en Ontario. «Leurs clients vivent dans des milieux ruraux et des villes de densité moyenne, et nous réussissons très bien là-dedans [au Québec et en Ontario]», affirme M. Audet.

Aux analystes financiers, Louis Audet fait valoir qu'Altantic Broadband a un taux de pénétration inférieur à ses concurrents. Voilà où l'expertise de Cogeco Câble peut faire une différence. «Il y a des opportunités de croissance», note Louis Audet, qui a de bons mots pour l'équipe de direction d'Atlantic Broadband.

Cogeco Câble, qui doit obtenir l'approbation de gouvernements et des autorités réglementaires aux États-Unis, espère clore l'achat d'Atlantic Broadband d'ici la fin de l'année.

D'autres acquisitions en vue?

Si les choses vont pour le mieux au pays de l'Oncle Sam, Cogeco Câble aimerait bien grossir davantage en faisant d'autres acquisitions. «Le marché américain est très consolidé, c'est vrai, mais il y a encore beaucoup d'opérateurs indépendants [contrairement au Canada]. C'est sûr qu'à un moment, on voudra regarder ça [d'autres acquisitions] de plus près, dit Louis Audet. Ce sera une deuxième phase.»

À court terme, les investisseurs ne doivent toutefois pas s'attendre à un autre coup d'éclat. «Il ne faut pas mettre la charrue devant les boeufs, dit Louis Audet. Nous devons d'abord faire une intégration harmonieuse. Il y a un potentiel de croissance interne [chez Atlantic Broadband].»

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Cogeco pas intéressé par les stations anglos de Bell

Cogeco ne profitera pas de l'achat d'Astral par Bell pour faire son entrée radiophonique dans le reste du Canada. Pour respecter les règles du CRTC, Bell doit vendre 10 stations au Canada anglais. Cogeco, qui possède la station anglophone à Montréal (The Beat 92,2 FM) et 12 stations francophones au Québec, ne sera pas en lice pour acheter les stations de Bell, a confirmé Louis Audet hier à La Presse. «Nous aimerions faire une expansion en radio au Canada anglais, mais nous ne transigerons pas avec Bell pour ces stations», a dit le président et chef de la direction de Cogeco.

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Atlantic Broadband en chiffres

14e

CÂBLODISTRIBUTEUR AUX ÉTATS-UNIS

515 346

CLIENTS EN PENNSYLVANIE, EN FLORIDE, AU MARYLAND, AU DELAWARE ET EN CAROLINE DU-SUD

251 718

ABONNÉS À LA CÂBLODISTRIBUTION DE BASE

155 845

ABONNÉS À L'INTERNET

72 494

ABONNÉS AU TÉLÉPHONE

329 MILLIONSUS

REVENUS EN 2011

149 MILLIONSUS(1)

PROFITS D'EXPLOITATION EN 2011

45,3%

MARGE BÉNÉFICIAIRE D'EXPLOITATION

1) Bénéfices avant impôts, intérêt et amortissement Sources : Atlantic Broadband, Cogeco