Un jury de grands-mères chargé d'évaluer les entreprises technologiques. Des entrepreneurs qui montent dans des ascenseurs avec des financiers pour leur vendre leur salade. Des concerts, des cocktails et des fêtes.

Le 2e Festival international des start-ups, consacré aux entreprises technos en démarrage, débute ce soir à Montréal. Porté à bout de bras par l'organisateur Philippe Telio, l'événement se tient cette année sur le thème des «start-ups qui font une différence».

«Tout le monde est bienvenu à notre événement, incluant les entrepreneurs qui font des jeux et des trucs plus petits. Mais cette année, on a voulu rappeler qu'il y a de gros problèmes dans le monde et que la technologie peut apporter des solutions. C'est souvent en s'attaquant à de vrais problèmes qu'on bâtit des entreprises durables», a déclaré M. Telio.

Le thème fait écho à un pavé dans la mare lancé l'an dernier lors de la première présentation du Festival des start-ups. L'analyste américaine Chris Shipley avait alors vilipendé les entrepreneurs qui se lancent en affaires uniquement dans le but de revendre leur entreprise rapidement et faire un coup d'argent, sans même chercher à construire quelque chose de durable. Selon elle, le phénomène conduira tôt ou tard à une nouvelle bulle techno.

Les principaux éléments du festival qui avaient fait parler d'eux l'an dernier sont de retour. C'est le cas des grand-mères, ces dames aux cheveux blancs qui s'infiltreront parmi les jeunes entrepreneurs et écouteront leurs présentations. Au terme de l'événement, elles désigneront leur entreprise préférée.

But de la chose: forcer les entrepreneurs à sortir de leur bulle et à adapter leur discours de façon à rejoindre non seulement les férus de techno, mais aussi le grand public. Et ne croyez pas que les vieilles dames sont complètement déconnectées. L'an dernier, elles avaient jeté leur dévolu sur l'entreprise israélienne Onavo, une boîte qui a décroché 10 millions de dollars six mois plus tard auprès de prestigieux investisseurs.

«Ça démontre que nos grands-mères sont capables d'identifier les entreprises finançables», commente M. Telio.

Au groupe de grands-mères s'ajouteront cette année des ados de 13 à 18 ans, qui désigneront aussi leur entreprise coup de coeur.

«Il s'agit de deux groupes démographiques très importants en technologie. Les femmes de plus de 50 ans affichent la plus forte croissance sur l'internet et les adolescents sont les usagers de demain», dit Philippe Telio.

Présentations d'ascenseur

Les participants verront aussi le retour des «présentations d'ascenseur», une expression utilisée dans le milieu pour décrire les plaidoyers de vente rapides que les entrepreneurs doivent faire aux investisseurs pour les convaincre de miser sur leur entreprise.

L'affaire est ici prise au sens littéral, si bien qu'entrepreneurs et financiers prendront place dans de vrais ascenseurs pour se parler dans le blanc des yeux le temps d'un aller-retour entre deux étages.

Les organisateurs ont aussi nolisé un autocar de New York pour attirer davantage de participants. Autre nouveauté: grâce à la technologie de traduction simultanée sur téléphone portable créée par l'entreprise en démarrage Babelverse, les participants pourront entendre en français les conférences prononcées en anglais. Parmi celles-ci, on attend celles de personnalités comme Dan Bricklin (l'inventeur des feuilles de calcul à la base d'Excel), Sheridan Jones (directrice des stratégies d'affaire pour la Kinect de Microsoft) ou Dave McLure, un habitué des événements du genre qui est reconnu pour ne pas avoir la langue dans sa poche.