Au Canada, quatre entreprises sur cinq ont augmenté leurs prix de vente afin de maintenir la croissance de leurs profits. C'est ce qui ressort de l'enquête trimestrielle de Deloitte CFO Signals qui prend le pouls des directeurs financiers des grandes sociétés nord-américaines.

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L'étude démontre que le moral est à la baisse dans les entreprises. La faiblesse de l'économie mondiale et la crise européenne minent leur confiance. Près du tiers (29%) des directeurs financiers sont plus pessimistes pour leur entreprise qu'au trimestre précédent (15%). À l'inverse, seulement 39% des directeurs sont plus optimistes, par rapport à 63% il y a trois mois.

Réduction des coûts de production

Au cours des dernières années, de nombreuses entreprises ont déjà sabré leurs coûts de production pour contrer la croissance modérée de l'économie et de leur chiffre d'affaires. Afin d'économiser, 70% des directeurs d'achat ont procédé à des changements majeurs dans leur chaîne d'approvisionnement et 40% ont externalisé ou délocalisé certaines fonctions.

Plusieurs entreprises planifient maintenant des réductions en recherche et développement et en marketing, indique Eddie Leschiutta, leader régional du programme pour les chefs des finances de Deloitte Canada.

Toutes ces mesures de réduction ont permis aux entreprises d'accroître leurs profits plus vite que leurs revenus. Les gains d'efficacité font en sorte que plusieurs entreprises sont encore plus rentables qu'avant la récession.

Mais cette dynamique est en train de s'essouffler, estiment de nombreux directeurs financiers. «Ils cherchent d'autres moyens d'accroître leurs bénéfices, y compris une hausse des prix», constate Trevor Nakka, coleader du programme pour les chefs des finances de Deloitte Canada.

La hausse des prix est plus frappante aux États-Unis, notamment dans le secteur des produits de consommation, précise M. Leschiutta.

Mais les augmentations de prix ne sont pas faciles à refiler aux consommateurs qui ont aussi le moral dans les talons, particulièrement aux États-Unis où le taux de chômage élevé continue de peser sur les ventes au détail. «D'ailleurs, le niveau d'emploi est l'inquiétude la plus importante des directeurs financiers aux États-Unis», souligne M. Leschiutta. Au Canada, les directeurs financiers sont davantage préoccupés par leur capacité à recruter des employés talentueux.

Même si les directeurs financiers sont plus inquiets en raison de la conjoncture économique, ils maintiennent des prévisions de croissance assez élevées pour leur entreprise. Aux États-Unis, les directeurs s'attendent à une hausse de 6,7% de leurs revenus et à une progression 12,3% de leurs profits.

Au Canada, leurs attentes sont plus modestes: les directeurs financiers prévoient une hausse de 5,9% des ventes et de 4,6% des profits.