Malgré les tensions politiques et des données économiques décevantes tout au long de la semaine dernière, les marchés boursiers américains ont progressé, en spéculant sur de nouvelles mesures d'assouplissement de la Réserve fédérale américaine.

Rien n'assure toutefois que les autorités monétaires passeront à l'acte, mercredi, une fois bien analysées et digérées les élections grecques et les conclusions du Sommet du G20 qui commence aujourd'hui à Los Cabos, au Mexique.

Quelle suite pour l'Opération Twist?

La Fed devra néanmoins préciser ce qu'elle entend faire pour succéder à l'Opération Twist (OT) qui vient à échéance ce mois-ci. Lancée le 21 septembre dernier, l'OT consistait à troquer 400 milliards d'obligations du Trésor américain venant à terme dans moins de trois ans contre d'autres d'une échéance d'au moins six ans. Ainsi, la Fed voulait faire baisser les taux d'intérêt à long terme, sur lesquelles sont alignées les taux des prêts aux ménages et aux PME.

Ne pas prolonger l'OT, serait l'équivalent d'un resserrement monétaire, ce que ne souhaite pas la Fed. Elle s'est même engagée en début d'année à maintenir son taux directeur dans la fourchette de 0% à 0,25%, en place depuis décembre 2008, au moins jusque vers la fin de 2014.

Prolonger l'OT ne serait pas de grande utilité, toutefois. Depuis le printemps, c'est l'incertitude créée par la crise européenne qui exerce des pressions à la baisse sur les taux obligataires de 10 ans américains. Quand la Fed a lancé l'OT, le rendement d'une obligation de 10 ans était de 1,86%. Le 2 avril, avant l'exacerbation de la crise, il avait augmenté à 2,19%. Vendredi, il avait chuté à 1,59%.

Les spéculateurs misent sur une troisième ronde d'assouplissement quantitatif (AQ3), un euphémisme qui signifie imprimer encore de l'argent. Après tout, le gouverneur de la Banque d'Angleterre, Mervyn King, n'a-t-il pas suggéré jeudi qu'une deuxième ronde était probable cet été au royaume de sa gracieuse Majesté Élisabeth II, plongé en récession?

Le problème avec l'AQ3, c'est que son efficacité reste douteuse, de l'avis même du président de la Fed, Ben S. Bernanke. Au lieu de favoriser l'octroi de prêts pour lequel il avait été conçu, l'AQ2 de 2010 n'aura servi qu'à gonfler les réserves de liquidités des banques déposées à la Fed.

Pour que les banques prêtent davantage, elles doivent avoir des emprunteurs solvables au moment où le chômage se remet à grimper.

Prêts hypothécaires

La Fed peut aussi agir directement sur le marché des prêts hypothécaires. Depuis septembre, elle réinvestit le capital et les intérêts des titres hypothécaires et de la dette des garants de prêts Freddie Mac et Fannie Mae qu'elle détient.

Elle fait de même avec les obligations du Trésor qu'elle réinvestit dans la dette américaine. Peut-être choisira-t-elle de tout réinvestir dans l'industrie hypothécaire pour tenter de ranimer le marché de l'habitation, en crise depuis six ans déjà.

Aller jusqu'à monétiser cette dette en partie reviendrait cependant à grossir le bilan de la Fed, un sujet très sensible en pleine campagne présidentielle.

Mercredi, les autorités monétaires mettront aussi à jour leurs perspectives économiques. On s'attend à ce qu'elles révisent à la baisse le scénario de croissance pour 2012, estimée à de 2,2% à 2,9% cette année. La projection de chômage (de 7,8% à 8,0%) en fin d'année pourrait en revanche augmenter quelque peu, puisque la création d'emplois a ralenti pour un quatrième mois d'affilée en mai.

Les 17 membres de la Fed indiqueront aussi quand ils s'attendent à ce que le taux directeur augmente. C'est la moyenne qui donne jusqu'ici vers la fin de 2014. Il s'agit d'un peu plus de pessimisme chez quelques-uns pour que cette date soit décalée.

Pour les spéculateurs, ce serait quelque chose à se mettre sous la dent. Pour la Fed, un engagement qu'elle pourra modifier en septembre ou septembre, si une embellie se profile d'ici là.