La Banque d'Angleterre a annoncé jeudi le maintien de son taux directeur à 0,50% et avoir laissé inchangé le montant total de son programme de rachats d'actifs, restant stoïque face à des indicateurs britanniques décevants et à l'aggravation de la crise en zone euro.

Comme à son habitude, la banque centrale britannique n'a pas fait de commentaire immédiat sur sa décision, poussant les économistes à guetter la diffusion des minutes de la réunion prévue le 20 juin.

Cette décision «est conforme aux attentes même si le plongeon inattendu de l'indice PMI d'activité manufacturière en mai, annoncé vendredi, avait fait grimper considérablement les attentes d'un redémarrage de la planche à billets par la banque centrale» britannique, commentait Joost Beaumont, économiste chez ABN Amro.

Lors de sa réunion de juin, le Comité de politique monétaire (CPM) de la Banque d'Angleterre a ainsi avait maintenu son taux d'intérêt directeur à 0,50%, niveau exceptionnellement bas auquel il a été fixé en mars 2009 afin d'aider une économie britannique en pleine récession.

De plus, l'institution a choisi de laisser inchangé le montant total de son programme de rachats d'actifs (325 milliards de livres sterling, 400 milliards d'euros), après l'épuisement début mai de la dernière tranche en date.

En février, la banque centrale britannique avait décidé de rehausser de 50 milliards de livres sterling le montant de ce programme dit «d'assouplissement quantitatif», visant à injecter des liquidités dans le système.

Ce programme avait été lancé en mars 2009, et sa première tranche, graduellement relevée jusqu'à 200 milliards de livres, avait été épuisée en janvier 2010. La Banque d'Angleterre l'avait relancé en octobre en l'augmentant alors de 75 milliards de livres.

Pour Howard Archer, économiste chez IHS Global Insight, cette décision «a dû être très serrée, car il y a une pression réelle sur le CPM pour qu'il relance l'assouplissement quantitatif au plus tôt», car les récents indicateurs britanniques ont été mauvais et que l'inflation s'est de son côté améliorée.

L'économie britannique s'est ainsi contractée de 0,3% au premier trimestre de cette année, une performance encore pire qu'attendu, selon une deuxième estimation provisoire, qui a confirmé le retour du pays dans la récession. De nombreux observateurs craignent en outre de la voir perdurer au deuxième trimestre.

L'inflation a de son côté nettement décéléré en avril au Royaume-Uni, à +3,0% contre +3,5% en mars, une bonne nouvelle pour la Banque d'Angleterre, qui a ainsi gagné de la marge de manoeuvre pour relancer ses injections de fonds dans l'économie britannique.

Les mesures d'assouplissement quantitatif risquent en effet d'entraîner une accélération de l'inflation, alors que l'institution peine déjà à lui faire retrouver le seuil cible de 2%.