Sans surprise, la Banque centrale européenne (BCE) a reconduit son taux directeur à son creux historique de 1%, en place depuis décembre.

La décision n'a pas fait l'unanimité au sein de son conseil de direction, certains estimant qu'une baisse de taux pourrait contribuer à desserrer l'étau qui étouffe les banques et plusieurs États de la zone euro.

L'institution établie à Francfort a quand même aussi annoncé qu'elle prolongeait jusqu'en fin d'année sa politique de prêts illimités d'une durée de trois mois aux institutions financières de la zone euro qui en font la demande.

Son président, Mario Draghi, n'a toutefois pas évoqué de nouvelle date d'opération de refinancement des banques à long terme par des prêts d'une durée maximale de trois ans, comme l'espéraient plusieurs d'entre elles et beaucoup d'investisseurs. Deux opérations menées en décembre et en février avaient permis l'injection de quelque mille milliards d'euros dans la zone, sans pour autant résorber la crise.

En conférence de presse, M. Draghi a émis des doutes sur l'efficacité d'une nouvelle ronde avant de lancer: «Ce n'est pas le rôle d'une politique monétaire de compenser l'inaction d'autres institutions», renvoyant la balle dans l'arène politique.

Le temps presse. L'Espagne doit en principe emprunter 2 milliards d'euros pour une période de deux ans, aujourd'hui, alors que Madrid estime que les marchés lui sont fermés, étant donné les taux jugés prohibitifs exigés par les prêteurs.

Plusieurs rencontres au sommet sont prévues d'ici la prochaine annonce de taux par la BCE, le 5 juillet. Les ministres des Finances tiennent un sommet au Luxembourg le 22 juin, une semaine avant le sommet des chefs d'État à Bruxelles.

D'ici là, le G20, dont l'Union européenne fait partie à part entière, aura tenu sa rencontre les 18 et 19 juin à Los Cabos, au Mexique, soit au lendemain même des élections grecques et du deuxième tour des législatives françaises. Les premières scelleront le sort de la république hellène au sein de la zone euro, les secondes, la force effective du nouveau président socialiste François Hollande et sa volonté de mettre l'accent sur la croissance plutôt que l'austérité.

Une fois dissipées ces incertitudes, la classe politique aura les coudées plus franches pour tenter de s'entendre sur la façon à la fois la plus efficace et la moins coûteuse de dénouer la crise qui financière européenne qui s'étire depuis deux ans.

Pour certains, comme l'Espagne, la solution repose sur une recapitalisation des banques par des fonds puisés dans la Mécanisme européen de stabilité (MES) qui doit entré en vigueur le 7 juillet. Doté d'une puissance de feu de 500 milliards d'euros, il vise à renflouer des États membres en péril, en contrepartie d'une stricte discipline budgétaire. L'Allemagne s'oppose à ce qu'il serve à la recapitalisation des banques même si cela représenterait une voie vers une réglementation bancaire fédérée.

La chancelière allemande Angela Merkel semble moins réticente à l'idée d'un Fonds européen de rédemption (FER), lancée par des experts économiques de son pays, l'automne dernier. Le FER refinancerait à très long terme la part de la dette des États membres qui excède la limite de 60% du produit intérieur brut (PIB) prescrite par le traité de Maastricht.

D'ici la fin du mois, plusieurs rencontres bilatérales tenteront de faire converger les parties vers une solution commune.

Ce n'est que lorsqu'elle sera connue et jugée convaincante pour contenir la crise à moyen terme que la BCE aura les coudées franches pour poursuivre sa politique avec de stricts objectifs monétaires.

Vers une baisse des taux

En abaissant dès juillet son taux directeur, elle pourrait dynamiser quelque peu une économie au bord de la récession. Hier, la BCE a maintenu sa prévision de croissance pour l'année en cours dans une fourchette de -0,5% et 0,3%, tandis qu'elle a resserré celle d'inflation à de 2,3% à 2,5%, comparativement à 2,1% à 2,7% auparavant.

Tant pour la croissance que pour l'inflation, le pronostic dicte un peu de stimulus monétaire.

Rendez-vous donc le 5 juillet.