La FTQ-Construction est persuadée de gagner en dépit de la controverse dans laquelle a baigné la centrale syndicale depuis deux ans. Le scrutin syndical dans l'industrie de la construction se tiendra pour la première fois par la poste, du 4 au 25 juin.

Son président et son directeur général ont fait le point hier sur la campagne électorale qui se termine le 3 juin prochain.

«Je ne pense pas qu'on va perdre de nos membres, a soutenu Arnold Guérin, qui remplace Yves Mercure à la présidence de la centrale, depuis le départ précipité de ce dernier au début 2011, après qu'il eut admis que le crime organisé était présent dans le milieu de la construction. On va avoir visité 15 régions. On a vu des travailleurs des autres centrales venir dans nos réunions. Ils n'ont pas aimé que leur centrale s'associe avec le gouvernement pour passer une loi [celle qui met fin au placement syndical (33) ].»

La FTQ-Construction, qui représente 44% des travailleurs de la construction, a néanmoins toute une côte à remonter dans l'opinion publique. Son ancien directeur général, Jocelyn Dupuis, a été inculpé pour fraude et fabrication de faux documents en lien avec des remboursements abusifs de dépenses qui se chiffrent à plus de 100 000 dollars. L'argent vient des cotisations payées par les membres de la FTQ-Construction.

Il y a aussi l'histoire de Bernard Gauthier, alias Rambo, représentant syndical du local 791 de l'Union des opérateurs de machinerie lourde de la Côte-Nord, affiliée à la FTQ-Construction, qui a finalement été acquitté en mars des accusations d'intimidation qui pesaient sur lui.

Puis, il y a eu les 200 constats d'infraction, environ, dressés contre des travailleurs de la FTQ-Construction et du Conseil provincial du Québec des métiers de la construction pour avoir paralysé les chantiers de la province en octobre en guise de protestation contre la loi 33.

Quant à la campagne de «maraudage» qui est commencée depuis le 1er mai, elle s'est déroulée sans trop de débordements. La CSN-Construction a cependant accusé la FTQ-Construction d'acheter les votes des travailleurs à coups de 100$. La FTQ-Construction a nié s'adonner à semblables pratiques, mais elle a reconnu que les membres du local 100 avaient droit à une récompense de 100$, imposables, pour le recrutement de chaque nouveau syndiqué.

Caisse complémentaire d'assurance-emploi à la charge des employeurs

Dans la construction, les travailleurs qui ne votent pas sont réputés voter pour leur syndicat actuel. Avec le vote en personne, il était facile d'identifier les travailleurs qui changeaient d'allégeance syndicale. Le vote par la poste vise à favoriser une meilleure participation au scrutin, a justifié le gouvernement.

La FTQ-Construction n'a jamais cru à la nécessité du vote postal, ont répété ses principaux dirigeants hier. De plus, la centrale trouve trop longue la période de vote qui s'étire sur 21 jours. M. Guérin ne s'attend pas à une meilleure participation à la suite de l'adoption d'un nouveau mode de scrutin. Au dernier vote, en 2009, la participation avait été inférieure à 8%.

MM. Guérin et Yves Ouellet, directeur général, ne se sont pas gênés par ailleurs pour dénoncer l'ingérence, selon eux, du gouvernement dans les activités syndicales (maraudage). Ils reprochent à la ministre Lise Thériault d'avoir évoqué la possibilité pour les syndiqués de quitter la FTQ-Construction.

Comme principale revendication, la FTQ-Construction suggère de constituer une caisse complémentaire à l'assurance-emploi qui serait financée à 100% par les employeurs. «Les employeurs seraient ainsi incités à donner plus d'heures de travail à leurs employés dans le but de minimiser leurs cotisations au nouveau fonds. Actuellement, les employeurs préfèrent mettre à pied leurs travailleurs plus expérimentés à la première occasion et embaucher par après des plus jeunes qui coûtent moins cher», a expliqué M. Ouellet.

L'industrie de la construction vit des jours glorieux. La province va enregistrer entre 150 et 160 millions d'heures travaillées en 2012. Or, la moyenne d'heures travaillées par travailleur est de 900 heures. M. Ouellet aimerait qu'elle monte à 1800 heures.

La FTQ-Construction insiste aussi sur la santé et sécurité sur les chantiers et fait de l'embauche de la main-d'oeuvre régionale un enjeu.