RIM, fabricant canadien du smartphone en perte de vitesse BlackBerry, étudie ses «options stratégiques», cherchant des partenaires voire des repreneurs alors qu'il se trouve distancé par ses concurrents et qu'il annonce des pertes et des licenciements ce trimestre.

«L'environnement concurrentiel qui se poursuit atteint nos activités sous forme de volumes (de vente) plus faibles et de dynamique de prix très concurrentielle et nous nous attendons à ce que nos résultats du premier trimestre le reflètent» avec «une perte opérationnelle probable», explique le directeur général, Thorsten Heins, dans un communiqué publié mardi.

Le patron de Research In Motion prévient qu'au moment où le groupe s'achemine vers le lancement du BlackBerry 10», prochaine version de son téléphone, sa «performance financière va rester difficile pendant les trimestres qui viennent».

Il annonce aussi des mesures visant un milliard de dollars d'économies d'ici fin 2013 comparé à fin 2011, notamment des «réductions importantes des dépenses et des effectifs dans certaines activités d'ici la fin de l'année».

Les chiffres qui circulent dans la presse vont de 2000 à 6000 suppressions de postes.

Cette nouvelle a fait plonger l'action mardi, qui chutait de 7,7% à 10,37 dollars lors des échanges électroniques vers 17h20 après avoir gagné 2,09% en séance.

«Cet avertissement est bien pire que les pires des prévisions», estime le site d'analystes 247wallst.com.

RIM avait déjà vu son bénéfice annuel divisé par trois pour l'exercice précédent, à 1,16 milliard de dollars américains.

L'horizon n'en finit donc pas de s'assombrir pour le BlackBerry, qui a révolutionné les télécommunications au début des années 2000 en mêlant accès facile aux emails, à l'internet et aux communications téléphoniques sans omettre un clavier facile d'utilisation, mais qui n'a pas su conserver son avance face à la montée en puissance de l'iPhone d'Apple et des téléphones fonctionnant sous le système Android de Google.

Afin de conforter ses chances d'une «transformation réussie», RIM explique s'être assuré les services de JPMorgan Chase et RBC Capital Markets pour «aider l'entreprise et (son) conseil d'administration à examiner (ses) activités et (sa) performance financière».

«Ces conseillers ont pour mission de nous aider à achever l'examen stratégique mentionné dans notre conférence de résultats financiers de fin d'année et à évaluer les mérites relatifs et la faisabilité de plusieurs options financières, y compris de nouvelles opportunités pour tirer profit de la plate-forme BlackBerry à travers des partenariats, des possibilités de licences, et autres alternatives stratégiques de modèles d'activité», souligne le communiqué du groupe.

La direction de RIM, par ces propos, semble signaler une tentative de trouver un repreneur.

La valeur de l'action du groupe canadien a fondu de 80% depuis un peu plus d'un an pour une capitalisation boursière de sept milliards de dollars, ce qui le rend particulièrement vulnérable.

Le groupe avait changé d'équipe de direction en début d'année, annonçant une «révision globale» de sa stratégie, y compris par d'éventuels partenariats ou ventes de brevets, laissant aussi entendre qu'il «considèrerait» une éventuelle offre de rachat.

Le destin de RIM s'apparente de plus en plus à celui d'une série de grands noms de la technologie qui ont vu leur aura pâlir pour n'avoir pas su prendre des virages stratégiques clé, à l'instar de Yahoo! ou Palm, racheté par Hewlett-Packard.

Une étude récente du cabinet de recherche spécialisé dans la technologie IDC a ainsi montré que les téléphones multifonctions exploitant le système Android représentaient 59% du marché mondial au premier trimestre, 23% du marché revenant par ailleurs à l'iPhone. BlackBerry ne détenait plus que 6,4%, contre 13,6% un an plus tôt.

Aux États-Unis, seulement 5% des acheteurs de smartphone ont opté pour un BlackBerry ces trois derniers mois, d'après un sondage Nielsen.