Facebook a fait une grosse entrée, certes, sur le NASDAQ, à 11 h hier. Mais ce n'était pas la fête attendue qui aurait fait oublier les pertes boursières des dernières semaines et les difficultés de la Grèce.

Après 30 minutes de retard, les systèmes informatiques éprouvant manifestement des difficultés à concilier offre et demande, le titre a bondi à 45$US avant de revenir en moins de 20 minutes à son prix initial de 38$US. Il a ensuite oscillé autour de la barre des 41$US pour finalement revenir à 23 cents près du point de départ, un gain de 0,6%. Les courtiers émetteurs sont manifestement intervenus afin de soutenir leur protégé.

Ressac des autres médias sociaux

Pas de vague donc sur le NASDAQ comme à la Bourse de New York, dont les indices clôturent légèrement en baisse. On note plutôt un ressac des autres médias sociaux en vue. Même que le titre de l'éditeur de jeux vidéo Zynga, dont les produits font fureur sur Facebook, a été suspendu, après avoir perdu 13,3% dans le sillage des débuts boursiers de Facebook.  

Nombre d'analystes prévoyaient une envolée du titre, jusqu'à plus de 25%. Lorsque le moteur de recherche Google est devenu une société ouverte en 2004, ses actions émises au prix de 85$US avaient ouvert les négociations à 100$US. Émises à 13$US pièce, le 12 avril 1996, les actions de Yahoo! ont pour leur part commencé à 24,50$US, frappé les 43$US et clôturé à 33$US.

Ils ont pressé le citron», a commenté à l'agence Bloomberg, Dan Veru, chef des investissements chez Palisade Capital Management, qui ne participait pas au placement. «Ils n'en ont pas laissé assez sur la table. Il faut solder un peu ces titres, de sorte que les actions profitent d'un meilleur support sur le marché secondaire.»

La valorisation stratosphérique de l'entreprise à 85 fois ses profits courus des 12 derniers mois en rend plus d'un sceptique. Facebook doit en outre s'imposer dans l'univers mobile avec un service qui a d'abord été conçu pour les ordinateurs personnels. Se qualifiant d'optimiste quant aux opportunités de l'entreprise, l'analyste Brian Wieser, de la firme new-yorkaise Pivotal Research Group, évalue le titre à tout au plus 30$US. Le cours actuel suppose «l'accomplissement total». «Le marché considère Facebook comme un actif moins risqué que Google», ce qui n'est tout simplement pas le cas», note-t-il.

Il s'agit néanmoins de l'entrée en Bourse la plus animée de l'histoire de Wall Street. En sa première journée de transactions, 567 millions d'actions ont été échangées, soit plus que les 421 millions émises dans le cadre du premier appel public à l'épargne. Dans la première heure seulement, quelque 200 millions d'actions ont été négociées.

Facebook vole le titre à General Motors avec ses 458 millions d'actions brassées à son retour à la cote le 18 novembre 2010. Une petite consolation après que GM eut retiré sa pub de Facebook, cassant sa fête l'avant-veille de son entrée en Bourse.  

Une entreprise rentable

Facebook, le plus populaire des réseaux sociaux, compte quelque 900 millions d'utilisateurs qui partagent autant des photos de leur famille que leurs réflexions les plus profondes. Après plusieurs années de pertes financières, l'entreprise est maintenant rentable. Elle a enregistré un bénéfice net de 205 millions US sur des revenus de 1,06 milliard US au premier trimestre de 2012.