Depuis sa sortie en salle il y a deux semaines, le film Les Avengers bat un record après l'autre au box-office. Au point où le dernier pari de Disney pourrait bien de devenir le film le plus lucratif de l'histoire du cinéma. Au moment où les superproductions estivales commencent à arriver sur les écrans, portrait des forces en présence à Hollywood. Huit studios de cinéma, huit titres boursiers, huit stratégies d'affaires... qui se ressemblent parfois. Un dossier de Vincent Brousseau-Pouliot

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Columbia Pictures (Sony)

Profits de 489 millions US (39 milliards de yens) sur des revenus de 7,5 milliards US (600 milliards de yens) en 2011

Cinéma et télé: 19% des profits et 8% des revenus de Sony

Cours de l'action (rendement en 2012): 13,91$US (-22,9%)

Cours cible de BMO: nd

10 films en 2012, dont Men in Black III (25 mai), The Amazing Spider-Man (3 juillet) et Skyfall, le nouveau film de James Bond (9 novembre)

Le retour de l'homme-araignée

Avec Les Schtroumpfs comme tête d'affiche l'an dernier, Columbia Pictures a vu ses revenus fondre de 8% et ses profits rester stables. Pour hausser ses profits en 2012, le studio compte sur des héros plus imposants: James Bond et Spider-Man. Durant les années 2000, les trois films de l'homme-araignée mettant en vedette Tobey Maguire et Kirsten Dunst ont généré en moyenne 831 millions de dollars au box-office américain. Spider-Man aura-t-il d'aussi bons résultats avec un nouveau réalisateur (Marc Webb) et un nouveau duo vedette (Andrew Garfield et Emma Stone)? Wall Street attend la réponse avec impatience. «Ce sera difficile, mais on verra bien», dit l'analyste boursier de BMO Marchés des capitaux, Jeffrey Logsdon, qui ne suit toutefois pas le titre de Sony. Avec Comcast, Sony est le titre boursier hollywoodien qui dépend le moins de succès (ou des échecs) de ses films.

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Warner Brothers (Time Warner)

Profits de 1,3 milliard sur des revenus de 12,6 milliards en 2011

Cinéma et télé: 43% des revenus de Time Warner

Revenus uniquement de films: 6,6 milliards

Cours de l'action (rendement en 2012): 35,28$US (-2,4%)

Cours cible de BMO: 46$

20 films en 2012, dont The Dark Knight Rises (20 juillet), The Great Gatsby (25 décembre), The Hobbit: An Unexpected Journey (14 décembre)

Le premier de classe

Wall Street aime Warner Brothers, le seul studio cinéma/télé dont les profits dépassent le milliard de dollars. «C'est le studio le plus rentable, mais c'est aussi celui qui a le moins de chances de faire une grave erreur», dit l'analyste boursier Jeffrey Logsdon. La recette de Warner? Miser sur des franchises comme Batman et Superman. Certaines de ses franchises les plus rentables tirent toutefois à leur fin. En 2011, Warner a produit le huitième et dernier film deHarry Potter, qui a généré 1,3 milliard au box-office. Cet été, le réalisateur Christopher Nolan réalisera son troisième et dernier film de BatmanThe Dark Knight Rises. «Le film devrait générer plus de 1 milliard de revenus», dit Jeffrey Logsdon. La plus grande qualité de Warner? Se renouveler sans cesse. «The Hobbit sera une autre franchise très rentable et Warner utilisera probablement davantage de ses héros de comic books», dit l'analyste boursier de BMO Marché des capitaux.

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Universal (Comcast)

Profits de 867 millions sur des revenus de 4,6 milliards

Cinéma et télé: 5% des profits et 8% des revenus de Comcast

Cours de l'action (rendement en 2012): 28,85$US (+21,7%)

Cours cible de Evercore Partners: 36$

14 films en 2012, dont The Bourne Legacy (3 août), Battleship (18 mai) et Snow White and the Huntsman (1er juin)

Un câblo au grand écran

Comme Sony, Comcast veut réanimer une franchise qui lui a valu des centaines de millions en profits, celle de Jason Bourne. Aussi divertissantes soient-elles, les aventures du l'ex-agent secret de la CIA importent peu aux actionnaires de Comcast, un câblodistributeur dont la filiale NBC Universal possède des chaînes de télé, des parcs d'attractions et un studio de cinéma. «85% des profits de Comcast viennent du câble, contre 15% pour tout NBC Universal. Nous aimons ce titre à cause de ses qualités comme câblodistributeur. Tant que ses films ne sont pas trop mauvais, ça ne changera rien par rapport à l'action. S'ils commençaient à perdre des centaines de millions avec un film, ce serait bien sûr différent», dit Bryan Kraft, analyste financier à la firme new-yorkaise Evercore Partners.

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20th Century Fox (NewsCorp)

Profits de 927 millions sur des revenus de 6,9 milliards en 2011

Cinéma et télé: 34% des profits et 21% des revenus de NewsCorp

Cours de l'action (rendement en 2012): 20,17$US (+11%)

Cours cible de BMO: 21$

15 films en 2012, dont Prometheus (8 juin), Abraham Lincoln: Vampire Hunter (22 juin) et Ice Age (13 juillet)

Meilleur deuxième

Sauf en 2010 où Fox a frappé le plus grand coup de l'histoire du cinéma avec Avatar, le studio de Rupert Murdoch a la réputation de faire plusieurs films rentables, mais rarement LE film de l'année. L'histoire ne sera pas différente en 2012. «Fox a plusieurs bons films qui génèreront quelque chose comme 200 millions au box-office, mais le studio est moins spectaculaire que Warner Brothers», dit l'analyste boursier, Jeffrey Logsdon. Les actionnaires de Fox apprécient toutefois sa régularité. À la Bourse, il s'agit d'une trop rare qualité.

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Paramount Pictures (Viacom)

Profits de 341 millions sur des revenus de 5,9 milliards en 2011

Cinéma et télé: 9% des profits et 40% des revenus de Viacom

Cours de l'action (rendement en 2012): 46,99$US (+3,5%)

Cours cible de BMO: 59$

16 films en 2012, dont G.I. Joe: Retaliation (29 juin) et One Shot (21 décembre)

En reconstruction

Malgré sa belle réputation à Hollywood, Paramount est un studio en reconstruction. L'an dernier, Paramount a dit adieu aux héros de bande dessinée de Marvel, désormais produits au grand écran par son nouveau propriétaire Disney. Et son entente de distribution avec Dreamworks prend fin cette année. «Leur cycle créatif est un peu mince», constate l'analyste boursier Jeffrey Logsdon. C'est à G.I. Joe et à Tom Cruise que revient la tâche d'amorcer le processus de reconstruction.

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Dreamworks

Profits de 115 millions sur des revenus de 706 millions en 2011

Cinéma et télé: 100% des profits et des revenus

Cours de l'action (rendement en 2012): 17,51$US (+5,5%)

Cours cible de BMO: 23$

2 films en 2012: Madagascar 3 (8 juin) et Rise of the Guardians (21 novembre)

Un jeu d'enfant

Créateur de Shrek, Madagascar et d'autres films pour enfants, Dreamworks est aussi le studio de cinéma le plus facile à comprendre pour les investisseurs. «C'est un titre cyclique qui suit le succès des films», dit Jeffrey Logsdon. L'analyste boursier de BMO est optimiste pour les actionnaires du studio d'animation qui a cinq films en préparation, dont deux sortiront en 2012. «Ils ont davantage de films en préparation qu'à l'habitude, dit M. Logsdon. Madagascar 3 a l'air particulièrement intéressant. Les films de Dreamworks font très bien à l'international, mais pas aussi bien aux États-Unis. C'est pourquoi les investisseurs américains sous-estiment parfois Dreamworks.»

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Lions Gate

Profits de 63 millions sur des revenus de 1,6 milliard en 2011

Cinéma et télé: 100% des profits et des revenus

Cours de l'action (rendement en 2012): 11,79$US (+41,7%)

Cours cible de BMO: 14$

7 films en 2012, dont The Hunger Games (387 millions US aux États-Unis depuis sa sortie le 23 mars) et The Expendables 2 (17 août)

L'indépendant

Plus important studio indépendant, Lions Gate a été fondé à Vancouver en 1986. Son siège social est maintenant aux États-Unis, mais le studio vient de connaître son plus récent succès dans l'Amérique postapocalyptique de Panem, toile de fond du film The Hunger Games qui a récolté des recettes de 624 millions US au box-office mondial depuis sa sortie le 23 mars. Il s'agit du film le plus lucratif de 2012, après les Avengers (Disney). Curieusement, le titre de Lions Gate a perdu 17% de sa valeur depuis la sortie de The Hunger Games, peut-être parce que Wall Street a des doutes à long terme. «Le studio doit contrôler les coûts des deux autres films de la série Hunger Games, dit l'analyste boursier Jeffrey Logsdon. Lionsgate a aussi vendu les droits internationaux de la série à l'avance, ce qui l'empêchera de tirer le plein bénéfice de la valeur du film dans les pays en question.»



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LES FILMS LES PLUS LUCRATIFS DE L'HISTOIRE AU BOX-OFFICE

Film  / Studio  / Recettes au box-office ($US) Dans le monde  / Aux États-Unis / Année

1 Avatar / 20th Century Fox  / 2,782 milliards  / 761 millions / 2009

2 Titanic / Paramount / 2,183 milliards / 658 millions  / 1997

3 Harry Potter et les reliques de la mort (partie 2) / Warner Brothers  / 1,328 milliard  / 381 millions  / 2011

4 Transformers 3: La face cachée de la lune / Paramount  / 1,124 milliard  / 352 millions  / 2011

5 Le Seigneur des Anneaux: Le retour du roi / Warner Brothers  / 1,120 milliard  / 378 millions / 2003

6 Pirates des Caraïbes 2: Le secret du coffre maudit / Disney / 1,066 milliard  / 423 millions / 2006

7 Histoire de jouets 3 / Disney / 1,063 milliard / 415 millions / 2010

8 Pirates des Caraïbes 4: La fontaine de Jouvence / Disney  / 1,044 milliard / 241 millions / 2011

9 Star Wars 1: La menace fantôme / 20th Century Fox  / 1,026 milliard / 475 millions  / 1999

10 Alice au pays des merveilles / Disney / 1,024 milliard  / 334 millions  / 2010

11 Les Avengers / Disney / 1,008 milliard  / 381 millions  / 2012

12 Le chevalier noir (The Dark Knight) / Warner Brothers / 1,001 milliard / 533 millions  / 2008