La question est très peu politiquement correcte: les fonds de capital-risque qui misent de l'argent sur les entreprises en démarrage devraient-ils éviter de soutenir les jeunes parents sous peine de perdre leur mise?

«Il y a quelques investisseurs qui m'ont dit clairement qu'ils ne finançaient pas les entrepreneurs qui avaient de jeunes enfants, dit George Favvas, fondateur de Rewardli. Ils pensent qu'on n'est pas en mesure de mettre le temps et l'énergie nécessaire pour que l'entreprise connaisse du succès.»

Chris Arsenault, du fonds de capital-risque québécois iNovia, peut comprendre la réticence.

«Quand tu lances une entreprise, toutes les probabilités sont contre toi. Si, en plus, tu bâtis une famille en même temps, ça peut amener des questions», dit-il.

Il serait cependant bien mal placé pour refuser d'investir sur cette base: dans une autre vie, ce père de trois enfants s'est lui-même lancé en affaires alors qu'il était jeune papa.

«Quelqu'un qui est capable de balancer famille et compagnie, ça démontre une force de caractère extrêmement importante, en plus d'un sens des responsabilités et d'un sens des priorités, dit M. Arsenault. Moi, comme investisseur, ça m'intéresse.»

«De toute façon, en général, c'est drôle à dire, mais tu es mieux de donner ton argent à ceux qui sont les plus occupés et qui n'ont pas le temps pour rien. Tu sais pourquoi? Parce que ceux sont aussi les plus organisés et les plus impliqués. Et ce sont ceux qui font arriver les choses.»