Travailler pendant des années sans faire un cent de profit... en espérant un jour faire sauter la banque. En technologie encore plus qu'ailleurs, se lancer en affaires est un pari. Et qui dit pari dit risque et incertitude.

«Quand tu fondes une famille, tu veux un peu de stabilité. Et partir ton entreprise, c'est tout sauf la stabilité», dit George Favvas, fondateur et président de Rewardli - une boîte qui regroupe les besoins des entreprises en démarrage pour obtenir de meilleurs prix auprès des fournisseurs de biens et services.

L'homme en sait quelque chose. En septembre dernier, il a entrepris le pèlerinage ultime de l'entrepreneur techno en déménageant sa boîte de Montréal vers la Silicon Valley, en Californie. Il a amené avec lui femme et enfant, entraînant tout le monde dans un grand bouleversement.

Il y a aussi le point de vue financier. La plupart du temps, les entreprises en démarrage utilisent l'argent misé par des anges financiers ou des fonds de capital-risque pour développer leur technologie. En espérant un jour générer des profits.

Question d'étirer la sauce et maximiser l'utilisation de ces fonds, il n'est pas rare de voir les entrepreneurs se payer des salaires de misère - ou même ne pas s'en accorder du tout - pour tout mettre dans leur entreprise.

«Ça, je l'ai fait dans mes entreprises précédentes, dit M. Favvas. Mais c'est sûr qu'avec une famille, tu ne peux pas faire ça.»

«D'un point de vue financier, il faut que tu planifies en fonction d'un échec, pointe aussi Bruno Morency, de context.io. Il peut aussi arriver que l'entreprise soit à court de fonds, mais que tu veuilles pousser encore parce que tu crois que les revenus vont arriver. Alors il faut que tu arranges tes dépenses pour que tu puisses survivre si, pendant trois mois, tu n'as plus de salaire.»

«Hypothèque, marge de crédit... L'argent brûlait à un rythme significatif dans la famille, raconte aussi Yona Shtern, de Beyond de Rack, qui a lancé son entreprise à la naissance de son cinquième enfant. Personnellement, nous avons pris de gros risques pour faire ça.»

Un gars comme Martin-Luc Archambault, devenu millionnaire à 25 ans en vendant sa première entreprise web, n'avait pas les mêmes contraintes financières que d'autres lorsqu'il a lancé Wajam. Mais les risques associés aux entreprises en démarrage, il en a tout de même une conscience aiguë.

«Wajam n'a pas d'investisseurs externes, souligne-t-il. Ça veut dire que le cash que je suis en train de parier là-dedans, ce n'est pas celui des autres, mais le mien et celui de mes partenaires. Alors je dirais que c'est quasiment plus stressant comme ça.»