Astral Media (T.ACM.A) a reçu deux autres offres d'achat avant d'accepter celle de 2,8 milliards $ déposée par Bell Canada (T.BCE), révèle un document rendu public jeudi.

Dans la circulaire d'information publiée en vue de l'assemblée des actionnaires du 24 mai, Astral raconte que l'an dernier, «certaines entreprises du secteur», dont Bell, ont fait part à son grand patron, Ian Greenberg, de leur souhait d'acquérir l'entreprise.

Au début janvier, Bell et une autre entreprise non précisée ont réitéré leur intérêt auprès de M. Greenberg. Quelques semaines plus tard, Astral a choisi d'amorcer des négociations exclusives avec Bell, ce qui a conduit à une première offre de 46 $ par action (2,57 milliards $ au total). Astral a rejeté la proposition, de sorte que quelques jours plus tard, Bell l'a bonifiée de 240 millions $ pour la porter à 2,8 milliards $.

Au début février, M. Greenberg a rencontré le chef de la direction d'une «autre entreprise du secteur». Celui-ci a présenté une «proposition d'acquisition provisoire» qu'Astral qualifie de «concurrentielle» par rapport à l'offre de Bell, mais qui était «conditionnelle à la conclusion d'une association avec une autre entreprise du secteur et à l'obtention du financement requis».

Puis au début mars, Astral a reçu une «proposition non contraignante provisoire non sollicitée d'un tiers», sans préciser s'il s'agit de l'entreprise précédente, qui prévoyait notamment un prix par action «plus favorable» pour les porteurs d'actions de catégorie A (les petits actionnaires) que la dernière offre de Bell.

C'est cette proposition non sollicitée qui a forcé Bell à bonifier son offre à 50 $ par action de catégorie A et à 54,83 $ par action de catégorie B. Bell est aussi prêt à verser la rondelette somme de 50 millions $ pour mettre la main sur les 65 000 actions «spéciales» détenues par la famille Greenberg.

La circulaire indique par ailleurs que les hauts dirigeants d'Astral auront droit à des primes spéciales totalisant 45 millions $ afin de reconnaître leur «contribution» au cours des 15 dernières années et de les «récompenser (...) pour avoir négocié une opération qui représente une prime considérable pour tous les actionnaires». De cette somme, 25 millions $ iront directement à Ian Greenberg.

Outre Bell, les principales entreprises canadiennes du secteur des médias sont Rogers Communications, Québecor, Telus et Shaw.

Plus tôt cette semaine, le grand patron de Québecor, Pierre Karl Péladeau, s'est montré plutôt amer face à la transaction Bell-Astral.

«La principale motivation de Bell est de mettre en échec les succès de Québecor Media, des succès développés autour de notre talent», a-t-il lancé devant l'Association des producteurs de films et de télévision du Québec.

«Une chaîne spécialisée, lorsqu'elle est réglementée et que sa distribution est obligatoire, tu ne peux pas perdre d'argent, c'est impossible, a-t-il aussi affirmé. Et c'est le socle sur lequel Astral s'est construit.»

Astral possède notamment Super Écran, Canal Vie, Canal D, Ztélé, Historia, Vrak TV, Musique Plus, Musimax, Télétoon et Disney Junior ainsi que 84 stations de radio et un réseau d'affichage extérieur.

L'action de catégorie A d'Astral a clôturé à 48,62 $ jeudi, en hausse de deux cents, alors que celle de Bell a terminé la séance à 39,47 $, en baisse de deux cents, à la Bourse de Toronto.