Depuis le début de l'année, il semble que les Canadiens se préoccupent de leur niveau d'endettement. Chose certaine, ils diminuent leur consommation, comme en a fait foi le recul des ventes des détaillants.

Leur valeur a diminué de 0,2% en février par rapport à janvier, a indiqué hier Statistique Canada qui a aussi ramené de 0,5% à 0,2% seulement le gain de janvier.

Exprimées en volume, les ventes reculent de 0,6% après un repli plus modeste de 0,1% en janvier, initialement présenté comme un gain de 0,3%.

Le repli est essentiellement dû à la chute des ventes des concessionnaires de voitures neuves et à la hausse des ventes des stations-service attribuables à la montée des prix du carburant. Cette hausse a eu pour effet en revanche de diminuer la consommation discrétionnaire de 0,5%. Il s'agit des ventes des produits autres que l'épicerie, les produits de santé et l'essence.

Fait guère rassurant, les prix de l'essence sont restés très fermes en mars et avril.

La seule belle surprise dans ce rapport décevant vient peut-être du bond de 2,2% des ventes de marchands de matériaux de construction qui ont pu sans doute profiter du temps anormalement clément.

«Le consommateur a peut-être décroché de son rôle de moteur de la croissance, au premier trimestre du moins en ce qui concerne l'achat de biens», suggère Derek Holt, économiste chez Scotia. Il rappelle toutefois qu'on ne connaîtra la hauteur de sa consommation de services qu'avec les chiffres trimestriels du produit intérieur brut (PIB), dans cinq semaines.

Ce qui renforce l'appréciation d'un possible décrochage, c'est aussi la révision faite par l'agence fédérale de la valeur des ventes pour l'ensemble de 2011. Elle les rehausse de 0,5%. «Avant cette révision, il semblait que les volumes des ventes au détail étaient en voie d'atteindre un gain annualisé de 3% au premier trimestre, rappelle Douglas Porter, économiste en chef délégué chez BMO Marchés des capitaux. Elles paraissent désormais avoir stagné. Le consommateur est en mode prudence.»

En un an, la valeur des ventes au détail a progressé de 4,1%, en moyenne d'un océan à l'autre, malgré le repli de février.

Au Québec, les ventes ont plutôt rebondi de 0,7% en février, après le repli de janvier, attribuable à des devancements d'achat en décembre pour parer l'augmentation d'un point de pourcentage de la TVQ. En un an par contre, le gain est de 3,4%, soit en deçà de la moyenne canadienne.

La faiblesse des ventes des détaillants aura pesé sur l'expansion économique en février. Heureusement, les grossistes ont fait de meilleures affaires avec un bond étonnant de 2,2% du volume de leurs ventes volume d'affaires au cours du mois.

Avec la publication de ce dernier indicateur, les prévisionnistes estiment la croissance du mois à 0,1% comme en janvier, voire peut-être à 0,2%.

Les données publiées jusqu'ici en mars indiquent une forte création d'emplois et de nombreuses mises en chantier. Cela pourrait maintenir la consommation, malgré les prix de l'essence.

Elle demeurera relativement faible néanmoins. En avril, la confiance des ménages a reculé pour une première fois, après trois gains consécutifs, selon le Conference Board. Des replis sont enregistrés dans toutes les régions du pays, à l'exception du Québec où un gain est observé. «Néanmoins, la confiance reste fragile dans cette région puisque près de 30% des résidants s'attendent à un recul de l'emploi au cours des mois à venir», note Todd A. Crawford, économiste à l'institut de recherches situé à Ottawa.