Manquer d'information est un problème qui tue quand vient le temps de prendre des décisions. Mais en avoir trop peut être tout aussi paralysant.

Les gestionnaires de bâtiment qui cherchent à réduire leur facture énergétique se retrouvent souvent dans la deuxième situation. Des compteurs intelligents les mitraillent d'informations sur la consommation d'électricité, d'eau ou de gaz de leurs bâtiments. Des systèmes de toutes sortes ajustent automatiquement l'éclairage ou le chauffage... entrant souvent en conflit avec les occupants qui jouent eux-mêmes avec les contrôles. Ajoutez à cela des consultants en efficacité énergétique qui débarquent et accouchent de rapports, et vous pouvez rapidement vous diriger vers un solide mal de tête.

«Le gestionnaire se retrouve souvent avec plein d'informations provenant de plein de sources, mais il ne peut pas prendre de décisions parce qu'il n'a pas de vue d'ensemble. Ce qui lui manque, c'est un tableau de bord», explique Vincent Lévesque, président de l'entreprise Inovae. Ce tableau de bord, la petite boîte de 12 employés en a pondu un. Son nom: Smartmanager, une plateforme technologique qui sera lancée cette semaine.

Smartmanager est la toute nouvelle version d'un outil de gestion énergétique créé par Inovae et installé à ce jour dans une vingtaine de bâtiments au Québec, autant des tours de bureaux que des écoles et des hôpitaux.

L'objectif de ces outils: regrouper toute l'information sur la consommation d'énergie d'un bâtiment, la présenter de façon claire au gestionnaire et lui faire des recommandations précises sur la meilleure façon de réduire sa facture.

Smartmanager ne fait pas que documenter la consommation d'énergie du bâtiment. Il compare cette consommation au taux d'occupation des lieux et à la température extérieure pour voir si elle est normale. Dans le cas contraire, le système envoie une alerte au gestionnaire. Il documente aussi toutes les interventions faites sur le bâtiment en un seul et même registre.

«Ce que les gestionnaires de bâtiment veulent, c'est de l'information précise et simple à comprendre qui décrit l'état de la situation et qui leur dit s'ils doivent intervenir ou non. C'est ce qu'on leur donne», résume Vincent Lévesque.

Quatre gars et un projet

Inovae est née en 2008 quand quatre gars à l'aube de la trentaine se sont réunis autour d'un projet ambitieux, mais encore très imprécis: lancer une entreprise capable d'aider l'environnement.

«On a regardé le stockage d'énergie pour les éoliennes, le solaire, les bioréacteurs pour faire du biocarburant avec des algues... On a fait pas mal fait d'exploration», raconte M. Lévesque.

À l'époque, l'un des quatre amis fait de la consultation en efficacité énergétique. C'est lorsque l'un de ses clients lui fait part de son insatisfaction envers les outils qu'il utilise que les quatre comparses voient poindre une opportunité d'affaires.

«On était jeunes, on avait des dettes d'études, alors on a financé ça comme on pouvait, en mettant ensemble quelques milliers de dollars. On peut dire qu'on est des entrepreneurs de la rue», relate Vincent Lévesque.

Question de pouvoir faire vivre l'entreprise, les quatre associés conservent leur emploi et redirigent une partie de leur salaire vers le projet.

«Dès qu'on a eu quelques contrats, on a lâché nos jobs et on a fait le saut. En priant pour que d'autres contrats suivent», dit M. Lévesque.

Entre-temps, Inovae s'inscrit à tous les concours d'entrepreneuriat possibles et imaginables, décrochant bon nombre de bourses et de prix qui permettent de financer une partie des activités.

C'est quand le Regroupement économique et social du Sud-Ouest (RESO) décide de miser du capital-risque sur l'entreprise qu'Inovae déménage dans une ancienne usine de textile de la rue Saint-Ambroise, dans le quartier Saint-Henri.

Aujourd'hui, ils sont 12 à y travailler. Pendant que les programmeurs tapent des codes sur des claviers, quelques employés bidouillent de l'électronique dans un labo bricolé de toutes pièces qui trône au beau milieu du loft.

Inovae espère bientôt passer à une vitesse supérieure. L'entreprise vient de décrocher une place au sein de l'accélérateur d'entreprises Clean Launch, à Denver, au Colorado. Des employés y séjourneront pendant trois mois dans l'espoir de faire évoluer la technologie, tisser des liens d'affaires et décrocher du financement additionnel.

«Dans un an, on veut que Smartmanager soit utilisé partout au Canada, dit Vincent Lévesque, qui espère aussi réaliser quelques percées aux États-Unis. Mais c'est clair qu'à terme, notre objectif, c'est le monde entier.»

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INOVAE

Président

Vincent Lévesque

Fondateurs

Yan Basile-Bellavance, Joël Lavoie, Vincent Lévesque et Hakim Rouab

Investisseurs

Regroupement économique et social du Sud-Ouest (RESO) et Centre d'excellence en efficacité énergétique (C3E)

Le concept en 140 caractères

Inovae a inventé une application collaborative qui permet d'analyser et gérer en temps réel la performance énergétique et environnementale des bâtiments.

Objectifs d'ici un an

Faire adopter la solution Smartmanager partout au Canada et commencer à percer le marché américain grâce à des partenariats stratégiques.