Deux «agents intermédiaires» du régime Kadhafi, réputés pour avoir exigé de juteux pots-de-vin des entreprises étrangères établies en Libye, étaient impliqués dans la négociation du contrat de l'aéroport de Benghazi avec SNC-Lavalin, selon Fathi Baja, chargé des affaires politiques au Conseil national de transition (CNT).

«Ces deux Libyens, un homme et une femme, agissaient à titre de médiateurs entre le gouvernement et les entreprises. Ils étaient très proches de Saadi Kadhafi, et ils étaient impliqués dans la négociation du contrat de l'aéroport. Nous savons qu'ils ont exigé des pots-de-vin d'autres entreprises étrangères», dit M. Baja.

Les nouvelles autorités n'ont pas arrêté les deux médiateurs, qui vivent à Tripoli. «Nous n'avons encore arrêté aucun Libyen soupçonné de crimes économiques sous l'ancien régime. Les conditions actuelles ne nous permettent pas d'assurer leur sécurité. Ils risqueraient d'être tués en prison. Quand ces conditions se seront améliorées, ils seront traduits en justice.»

M. Baja admet qu'il ne sait pas si SNC-Lavalin a versé une commission à ces deux agents, dont le travail consistait à faciliter l'accès des entreprises au régime dictatorial. «Je ne sais pas, mais étant donné l'implication de ces deux personnes en particulier, je présume que ce n'est pas propre. J'ai peu de doutes.»

SNC-Lavalin a déclaré le 26 mars avoir perdu la trace de 56 millions de dollars versés à des agents intermédiaires, dans deux projets dont l'entreprise montréalaise a refusé de révéler la teneur. Elle a toutefois précisé que ces paiements n'étaient pas liés à ses contrats en Libye.

L'un des paiements suspects (22,5 millions de dollars) avait été fait par l'intermédiaire de SNC-Lavalin International en Tunisie.

Les deux paiements avaient été approuvés par Riadh Ben Aïssa, l'ancien patron de SNC-Lavalin en Afrique du Nord. Ils avaient été autorisés par le président de la firme, Pierre Duhaime, qui a remis récemment sa démission.