Les détenteurs d'obligations de Yellow Media (T.YLO) cherchent à prendre le contrôle de l'éditeur de bottins téléphoniques dans un échange de créances contre actifs qui évincerait les actionnaires actuels.

Les détenteurs d'obligations de premier rang, à qui est dû 1,4 milliard de dollars, ont organisé une téléconférence la semaine dernière pour discuter d'un plan incitant la société à rechercher un arrangement, soit une restructuration ordonnée par le tribunal en vertu de la Loi canadienne sur les sociétés par actions, selon deux détenteurs d'obligations qui ont participé à la conférence. Ces personnes ont requis l'anonymat parce que les pourparlers sont de nature privée.

«Les dirigeants seraient bien sots de ne pas envisager cela», soutient John O'Connell, PDG de la société Davis Rea, de Toronto, un détenteur d'obligations qui n'a pas participé à l'appel. «Les personnes qui sont les plus intéressées dans l'entreprise songent à des moyens de la restructurer et il s'agit là d'une solution positive. Je crois que les détenteurs d'obligations se retrouveraient avec la plus grande partie de l'entreprise», ajoute-t-il.

Stopper la baisse

La stratégie des détenteurs d'obligations de premier rang pour mettre la main sur Yellow Media en échange de la radiation de sa dette endigue la baisse de la valeur des obligations de la société montréalaise, estime M. O'Connell. La valeur de Yellow Media a diminué de moitié cette année tandis que l'éditeur cherche à se transformer en une société en ligne pour regagner des clients qui délaissent les bottins téléphoniques en faveur de téléphones intelligents et de tablettes informatiques.

L'émission d'obligations de 5,25% au montant de 550 millions de dollars venant à échéance en février 2016 a grimpé à 46 cents au dollar comparativement à 38 cents il y a un mois. Les obligations de 7,75% au montant de 300 millions venant à échéance en mars 2020 sont passées de 38 cents au dollar à 45 cents.

«Cela fournirait un plancher aux obligations, dit M. O'Connell. Nous possédons des obligations de 2006 et nous sommes passablement contents.»

André Leblanc, porte-parole de Yellow Media, n'a pas répondu à une demande de commentaires et il en a été de même pour Ginette Maillé, directrice financière de l'entreprise.

«Il semble de plus en plus qu'il y aura une sorte de compromis avec les créanciers existants», avance Chris Diceman, analyste de DBRS, qui a décoté Yellow Media cette semaine, de B (haut) à B (bas).

Ailleurs sur les marchés de crédit, la Banque Nationale a vendu pour 1 milliard d'obligations de 10 ans procurant un rendement de 168,9 points de base de plus que les titres gouvernementaux de référence.

La dette d'Air Canada a subi une décote de la part de Moody's Investors Service, passant de B3 à Caa1.