Quelle entreprise québécoise compte dans sa liste de clients des noms aussi prestigieux et diversifiés que Google, Shell, Toyota, Coca-Cola, IBM, Merck, Goodyear, Microsoft et General Electric?

La réponse à cette énigme se cache dans l'arrondissement Saint-Laurent, où la société Sonitec-Vortisand a gagné la confiance des plus grandes multinationales de la planète tout en restant sous le radar d'à peu près tout le monde au Québec.

Ce qui fait sa réussite peut sembler banal à première vue: Sonitec-Vortisand conçoit des filtres pour nettoyer l'eau.

«On ne parle pas du filtre de votre piscine hors terre», précise toutefois Marco Bosisio, directeur général de l'entreprise.

Dans l'entrepôt de Sonitec-Vortisand, des filtres de toutes les tailles attendent d'être expédiés aux quatre coins du monde. Les appareils prennent la forme d'une ou de plusieurs cuves métalliques entourées d'un paquet de tuyaux, le tout contrôlé par un panneau électronique. Prix de vente: entre 25 000$ et plusieurs millions, selon la taille et les caractéristiques des filtres.

Ce qui fait la notoriété des filtres québécois se cache toutefois sous leur capot. Comme plusieurs de ses concurrents, Sonitec-Vortisand filtre l'eau en la faisant passer dans du sable. Sauf que ce sable est beaucoup plus fin que celui employé dans les filtres traditionnels.

Les concurrents se tiennent habituellement loin du sable trop fin parce qu'il finit par obstruer les systèmes de filtration. Mais Sonitec-Vortisand ne fait pas les choses comme les autres. Plutôt que de simplement laisser l'eau s'écouler dans le sable, Sonitec la fait tourbillonner pendant le processus, créant ce qu'on appelle un vortex. Vortisand est d'ailleurs une contraction des mots «vortex» et «sand» (sable, en anglais).

«Habituellement, dans un filtre, on veut que tout se passe lentement et soit bien réparti. Nous, on fait complètement l'inverse», dit Marco Bosisio avec un sourire.

Si la stratégie peut paraître surprenante, elle a l'avantage de fonctionner. Vortisand affirme que ses filtres peuvent capter des particules de 10 à 20 fois plus fines que les filtres conventionnels... tout en étant quatre fois plus rapides.

Pour l'instant, les filtres de Sonitec-Vortisand sont surtout utilisés dans les systèmes de chauffage et de climatisation à l'eau. En circulant dans les tuyaux, l'eau finit par accumuler toutes sortes de poussières et d'impuretés. Ces particules diminuent l'efficacité des équipements de chauffage et de climatisation, d'où le besoin de filtrer l'eau.

Plus de 2500 filtres Vortisand ont été installés à travers le monde, dont certains à Montréal, notamment à l'Université McGill et dans l'édifice du 1000, de la Gauchetière.

Diversification

Mais l'entreprise est en pleine diversification de marchés. Ce qui fait son bonheur, c'est que de l'eau qui doit être filtrée, il y en a partout. Refroidissement de robots industriels, production d'eau potable, filtration de piscines municipales, nettoyage des eaux industrielles de toutes sortes: «On s'est beaucoup concentré sur le marché du chauffage et de la climatisation par le passé, mais il y a beaucoup d'opportunités qui s'en viennent», dit Maurice Piché, administrateur de l'entreprise.

Pas de doute: bien du chemin a été parcouru depuis que le fondateur de Sonitec-Vortisand, Denis Deschênes, a acheté la technologie des filtres combinant le sable et le vortex d'un Américain il y a une vingtaine d'années. Aujourd'hui, Sonitec-Vortisand compte 25 employés et génère un chiffre d'affaires de plusieurs millions de dollars.

Et il n'est surtout pas question de ralentir. Sonitec-Vortisand aspire à doubler ses ventes d'ici trois ans. Pour ça, l'entreprise surveille de près le développement d'un paquet d'industries qui, de prime abord, semblent avoir très peu en commun.

L'informatique en nuage dont tout le monde parle, par exemple, entraîne la construction d'immenses parcs de serveurs informatiques qui dégagent beaucoup de chaleur et doivent être refroidis. Sonitec veut en profiter. L'entreprise, qui réalise 90% de ses ventes aux États-Unis, a aussi l'oeil braqué sur le Moyen-Orient, où elle veut vendre ses équipements aux entreprises pétrolières.

«Les normes sur la qualité de l'eau qui peut être rejetée dans l'environnement se resserrent de plus en plus, souligne l'administrateur Maurice Piché. Ça entraîne des besoins pour des produits comme les nôtres. On ne s'en rend pas toujours compte au Québec, mais l'eau en général est une ressource de plus en plus convoitée. La demande pour des équipements capables de la nettoyer ne peut que croître.»

Fondateur

Denis Deschênes

Directeur général

Marco Bosisio

Le concept en 140 caractères

Sonitec-Vortisand développe des filtres capables de nettoyer les eaux industrielles de façon plus rapide et efficace en combinant l'action du sable et d'un vortex.

Investisseurs

L'entreprise a toujours financé sa croissance à même les profits générés par ses ventes.

Objectifs d'ici un an

S'établir solidement au Moyen-Orient, parfaire la pénétration du marché américain et lancer une nouvelle génération de filtres.