Le marché saluait vendredi le vent de fraîcheur soufflant sur RIM, le fabricant canadien des téléphones BlackBerry, avec notamment le départ de son cofondateur, mais pour de nombreux analystes l'avenir du groupe restait incertain.

Questions et réactions sur RIM

Paradoxalement, l'action de Research in Motion (RIM) progressait de plus de 4% en Bourse à Toronto et New York vers 16h30 GMT, après la publication jeudi de résultats encore décevants et l'annonce d'un nouveau remaniement de la direction du groupe.

Pour Gregori Volokhine, directeur du courtage au cabinet de gestion d'actifs Meeschaert New York, ce rebond de l'action s'explique par le solde de millions d'options de vente d'actions à découvert (short-selling), ce qui se traduit par des rachats de titres.

Le mouvement a été provoqué par le nouveau patron de RIM Thorstein Heins, en poste depuis janvier et qui n'a pas écarté jeudi la vente du groupe en annonçant une «révision globale» de sa stratégie.

«Il y avait 13,6% des actions de RIM, soit 60 millions d'actions, qui avaient été vendues à découvert», c'est-à-dire que des investisseurs, pariant sur la baisse du titre, s'étaient endettés pour vendre des actions qu'ils n'avaient pas encore achetées, comptant sur un prix plus bas futur, a dit M. Volokhine.

«Donc des gens qui sont à découvert ont peur qu'il y ait une offre sur RIM» qui fasse monter le titre et qui se traduirait par de lourdes pertes s'ils gardent leurs options de vente à découvert, a-t-il ajouté.

La hausse de vendredi ne signifiait donc pas un regain de confiance de la part des investisseurs dans le fabricant canadien.

Des analystes se réjouissaient néanmoins du ton que le nouveau patron de RIM a adopté en commentant pour eux les résultats et qui, par sa franchise, tranchait diamétralement avec celui de l'ancienne direction des fondateurs de l'entreprise.

«Il n'a pas seulement reconnu que RIM avait de vrais problèmes à régler mais il aussi énuméré une liste d'actions à entreprendre pour provoquer les changements tant attendus dont a besoin la compagnie», notaient vendredi les analystes du cabinet Trefis, tout en se demandant s'il n'était peut-être pas trop tard.

Thorstein Heins a expliqué que sa priorité était de recentrer RIM sur ce que le groupe connaît le mieux, c'est-à-dire le marché des entreprises, et de faire en sorte que la nouvelle plateforme du BlackBerry-10, le nouveau téléphone qui doit être lancé plus tard cette année, devienne la planche de salut du groupe.

«Le simple fait d'avoir une nouvelle plateforme perçue par d'autres comme ayant du potentiel pourrait bien procurer à l'entreprise le lustre dont elle a besoin pour être vue comme une candidate à un rachat», jugeaient les analystes de Deutsche Bank.

Mais pour le site d'analystes 247wallst.Com, «le nouveau directeur général Thorsten Heins sera incapable d'enrayer le cercle vicieux pour les ventes de BlackBerry. Les ventes de téléphones multifonctions sont dominées par les produits sous système Android (Google) et les produits d'Apple».

«Même le marché sur lequel le BlackBerry est le mieux positionné, celui des entreprises et des gouvernements, s'est érodé», ajoute le site.

Le ton n'était pas plus optimiste dans la presse canadienne: RIM rime de plus en plus avec RIP, titrait La Presse vendredi matin.

Pour le journal, c'est l'incapacité de l'entreprise à «se renouveler ou à arriver avec des produits améliorés dans un marché en continuel changement qui est au fondement de tous ses problèmes».