En dévoilant la prochaine version de leur service de télé par câble, appelée Illico nouvelle génération, Quebecor Media et sa filiale Vidéotron jettent les bases d'une plateforme qui pourrait bientôt offrir son propre catalogue d'applications web, conçues exprès pour la télé connectée de prochaine génération.

Malgré une adoption de la télé connectée plus lente au Canada qu'ailleurs dans le monde, la demande pour ce nouveau type d'applications se fait tout de même sentir jusqu'au Québec, assure Robert Dépatie, président de Vidéotron. « La demande n'est pas énorme, mais elle est là », dit-il, ajoutant que les gens veulent déjà faire plus sur leur téléviseur que regarder des émissions.

Dévoilé mardi, cet « Illico nouvelle génération » a coûté 35 millions de dollars et présente de façon plus visuelle et plus naturelle la télé en direct, la télé à la carte et la vidéo sur demande. Pour la première fois, on y verra aussi des applications dont le contenu est tiré d'internet. C'est une réplique à l'offensive de Bell et de son service de télé par fibre optique, Fibe, qui affiche déjà certains services web à l'écran.

Du côté de Vidéotron, ces services, appelés « widgets », se limiteront d'abord à la météo et au résultat des tirages de Loto-Québec. Facebook, Twitter et même YouTube, entre autres, s'ajouteront rapidement au catalogue, promet M. Dépatie. « C'est le genre de services que nos clients veulent en premier, mais c'est sûr qu'on pourrait en ajouter davantage. En fait, j'aimerais trouver un moyen de créer une plateforme d'applications qui seraient faites chez nous. Il me reste seulement à convaincre mes ingénieurs que ça vaut la peine! »

Une occasion pour Quebecor

Pour Vidéotron, l'occasion est double : ce serait une vitrine de plus pour des productions provenant d'autres filiales de Quebecor Media, comme Archambault et TVA, ou d'ailleurs. Un service de vidéo à volonté similaire à Netflix, un concurrent de plus en plus imposant à la vidéo sur demande de Vidéoton, laisse également Robert Dépatie songeur.

Comme on le constate du côté de la téléphonie, les consommateurs sont prêts à payer pour de telles applications. Vidéotron pourrait ainsi générer de nouveaux revenus, en marge des marchés plus saturés de la télédistribution et du sans-fil. C'est tout naissant, mais la croissance mondiale des applications pour la télé connectée est annoncée comme explosive : d'à peu près rien en 2011, leurs revenus pourraient atteindre 1,9 milliard en 2015, selon les études à ce sujet.

Robert Dépatie dit suivre de près la progression des téléviseurs connectés, comme ceux que vend depuis un an le fabricant coréen Samsung, ou même l'Apple TV, mais il ne s'emballe pas. « L'important est de trouver une formule pour intégrer les applications de la bonne façon. Ce qu'on voit actuellement, l'intégration des réseaux sociaux à la télé, ça ne fait pas l'affaire. »

Vidéotron prend donc son temps. Le télédistributeur compte tout de même proposer sous peu à ses clients une application pour ses tablettes et téléphones Android qui fera le pont entre la télé Illico et les réseaux sociaux, en offrant notamment un clavier virtuel pouvant se jumeler aux applications du nouvel Illico. C'est un début. Si on se fie à Robert Dépatie, ce ne sera pas la seule incursion de Vidéotron dans la télé connectée...