Un jalon important vient d'être posé dans le paysage québécois des sciences de la vie. Pendant que les géants de l'industrie du médicament novateur cumulent les annonces de coupes dans le secteur, deux fonds d'investissement totalisant 150 millions de dollars voient le jour au Québec.

Le premier fonds, d'une hauteur de 50 millions, limitera ses investissements aux frontières du Québec dans des sociétés en biotechnologies en voie de tester un médicament chez l'humain. La société pharmaceutique Merck y investira 35 millions.

La seconde enveloppe, chiffrée à 100 millions, profitera aux entreprises nord-américaines qui ont développé à un stade clinique avancé un médicament, un test diagnostique ou un dispositif médical.

Lumira Capital, société en capital-risque établie à Toronto, prendra en charge la gestion des deux fonds.

La création de ces portefeuilles permet à Teralys Capital d'effectuer un premier investissement dans le secteur des sciences de la vie. Le fonds de fonds québécois de 700 millions, qui gère une partie des avoirs de la Caisse de dépôt et placement du Québec, du Fonds de solidarité FTQ et d'Investissement Québec, y investira un total de 35 millions.

«Pour nous, c'était crucial que le fonds qu'on allait mettre en place ait tous les éléments nécessaires pour réussir», a expliqué en conférence de presse Jacques Bernier, associé principal de Teralys.

Selon lui, il était primordial de bâtir un fonds d'au moins 150 millions avec l'implication d'une firme internationale de capital-risque en plus d'une entreprise du secteur pharmaceutique. Avec la participation de Lumira et Merck, le portrait est complet.

Par son rôle de commanditaire, Merck ne sera pas favorisée pour mettre la main sur les produits développés par les entreprises financées par les fonds. «Nous aurons un droit de regard, mais pas un droit de premier refus», a expliqué en conférence de presse Roger Pomerantz, vice-président principal chez Merck.

Un baume pour le secteur

Mitraillé par les annonces de suppressions d'emplois, le secteur des sciences de la vie montréalais reçoit comme un baume l'annonce de la création des deux fonds.

«Ça va donner un grand souffle à l'industrie», a indiqué Mario Lebrun, directeur général de BioQuébec, le réseau québécois des bio-industries et des sciences de la vie.

Selon Michèle Savoie, directrice générale de Montréal InVivo, la venue de ces fonds permettra de faire fructifier les projets mis de l'avant au Québec. «C'est important de non seulement financer nos entreprises au départ, mais aussi d'être capable de les financer et de les développer à un stade plus avancé pour augmenter les retombées économiques», a-t-elle dit.

Autre fonds à venir

La Presse Affaires a annoncé le 16 mars dernier qu'un autre fonds en sciences de la vie serait lancé prochainement. Chapeauté par la firme allemande de capital-risque TVM, ce fonds également chiffré à 150 millions de dollars se fera avec la société pharmaceutique américaine Eli Lilly. Questionné à ce sujet, Jacques Bernier n'a pas souhaité apporter de commentaire, soulignant seulement qu'une seconde annonce dans le secteur des sciences de la vie sera faite en avril prochain.