Chaque semaine, nous vous proposons un extrait d'un «cas pédagogique» du Centre de cas de HEC Montréal: la description en contexte d'une situation réelle d'entreprise qui suscite des interrogations et une réflexion sur certains aspects de la gestion.

Marielle Dubois (tous les noms sont fictifs) est extrêmement déçue en ce matin d'avril en apprenant qu'elle n'a pas obtenu de façon permanente le poste de directeur général qu'elle occupait de façon intérimaire depuis huit mois au ministère du Développement social. Brian Evitch le sous-ministre adjoint de sa division, et elle ont une relation très cordiale. Marielle Dubois a accepté de le suivre d'un ministère à l'autre, au cours des 13 dernières années, en raison de son style de direction dynamique et responsabilisant.

Comme DG intérimaire, Marielle Dubois a réalisé avec succès un projet de modernisation de l'équipement informatique utilisé par les 800 personnes travaillant dans sa direction. D'approche franche et stimulante, elle est également parvenue à tisser de bonnes relations avec ses collègues et à s'entourer d'une équipe dynamique. Ses excellentes habiletés de gestion lui ont valu d'être parmi les deux premiers candidats en lice. Cependant, Francis Arsenault lui a ravi le poste en se démarquant sur les questions de stratégie. Si Marielle Dubois reconnaît qu'elle s'est moins préoccupée des aspects stratégiques lors de son intérim, elle croit sincèrement qu'elle aurait pu bien s'en tirer.

Brian Evitch s'était rallié à l'avis des autres membres du comité de sélection et avait appuyé la sélection de Francis Arsenault après avoir longuement défendu la candidature de Marielle Dubois. Malgré la déception que cette dernière lui exprime à l'issue du concours, ils gardent un excellent contact et, comme le remarque le nouveau DG, Brian Evitch consulte régulièrement Marielle au sujet des décisions qu'il compte prendre.

Titulaire d'un doctorat en économie, Francis Arsenault accède à son premier poste de DG sept ans après son entrée en fonction dans l'administration publique. Auparavant, il avait travaillé à titre d'analyste principal, de conseiller principal et de responsable d'une petite équipe d'analystes au sein du secrétariat du Conseil des ministres.

Son entrée en fonction comme nouveau «DG» s'avère plus difficile qu'il ne l'avait imaginé.

Les premières interactions avec Marielle Dubois sont tendues. Francis Arsenault souhaite clarifier leur relation sur-le-champ et lui dit qu'il aimerait connaître bientôt ses objectifs pour la prochaine année. Sachant qu'elle souhaite prendre des vacances à la fin de la semaine, il lui demande également de bien vouloir reporter son projet afin qu'elle puisse participer à la première réunion du comité de gestion où l'on parlera de stratégie. Après avoir réfléchi à la demande de son DG, Marielle Dubois lui annonce qu'elle désire prendre des vacances bien méritées et l'assure de son appui dès son retour.

Par ailleurs, trois autres directeurs de la division de Francis Arsenault lui semblent distants. Francis Arsenault sent en revanche qu'il dispose d'une très bonne marge de manoeuvre, car il estime avoir toute la confiance du sous-ministre adjoint.

Dynamisme à la baisse

En septembre, Marielle Dubois mentionne à Brian Evitch que le dynamisme du comité de gestion de la direction générale est à la baisse et que l'information ne semble pas bien y circuler. Lors de la réunion de fin d'année regroupant le sous-ministre et les sous-ministres adjoints du Ministère, trois collègues de Brian Evitch, impressionnés par le dynamisme du nouveau DG, lui apprennent à son grand étonnement que Francis Arsenault examine des façons de réorganiser sa division. Un autre collègue lui raconte que Marielle Dubois a communiqué avec lui, à la recherche d'un poste dans sa division.

Brian Evitch se demande s'il devrait envisager de créer un nouveau poste pour Marielle Dubois au sein de sa division, car il trouverait dommage de perdre cette directrice qu'il avait même eu l'idée de voir comme éventuelle remplaçante. Alors que son adjointe l'informe qu'une conseillère et qu'une chef de projet de la direction de Francis Arsenault, toutes deux excellentes à son avis, viennent de changer de division et que Marielle Dubois s'est souvent absentée à l'automne, le téléphone sonne. C'est le président d'une agence centrale, qui envisage de proposer à Francis Arsenault un poste de vice-président et aimerait savoir ce que Brian Evitch en pense.

Vous trouverez la version intégrale du cas «Le nouveau DG» à l'adresse www2.hec.ca/centredecas du Centre de cas HEC Montréal.

Michèle Charbonneau est professeure à l'École nationale d'administration publique. Jacques M. Pelletier s'est joint à l'École nationale d'administration publique comme professeur associé après avoir occupé plusieurs postes de direction de niveau exécutif dans la fonction publique du Canada.