Des bureaux à Londres, Seattle, Chicago, Dallas, bientôt New York et peut-être Singapour. Plus d'une centaine d'employés. Une croissance d'exactement 2622% depuis cinq ans.

Pas de doute: Acquisio est l'un de ces secrets bien gardés du nouveau Québec inc. dont il faudra suivre les développements. La boîte de Brossard conçoit des logiciels qui aident les agences de pub à optimiser leurs campagnes sur l'internet, et surtout à mesurer si elles rapportent bien les dollars qu'elles sont censées générer.

«On est une compagnie cool, plaide le président de l'entreprise, Martin Le Sauteur, qui ne cache pas son intention d'attirer de nouveaux talents chez lui. On fait affaire avec Google et Facebook, on voyage dans la Silicon Valley, à Londres...»

Ce qui est clair, en tout cas, c'est que les gars derrière Acquisio ne manquent pas d'humour. Martin Le Sauteur, président, et Marc Poirier, cofondateur et directeur principal du marketing, ont accueilli La Presse Affaires vêtus de T-shirts sur lesquels on pouvait lire «I hate doing that shit» («Je déteste faire cette merde») et «I report to no one» («Je ne me rapporte à personne»).

«Vous avez vu notre mur funky?», demande M. Le Sauteur en nous guidant vers un corridor psychédélique aux murs recouverts de protubérances multicolores.

Mais si les dirigeants d'Acquisio ont un petit côté irrévérencieux, ils ont aussi du sérieux à mettre sur la table. Les outils de marketing qu'ils ont créés sont maintenant utilisés par 300 agences de publicité de 25 pays à travers le monde. Plus de 10 000 campagnes différentes, totalisant un milliard de dollars, y ont recours.

L'an dernier, la société a occupé le 9e rang canadien et le 46e rang nord-américain des sociétés technologiques à la plus forte croissance, selon la firme Deloitte.

Au départ, Acquisio n'était pourtant pas une compagnie qui concevait des produits technologiques. La boîte a été fondée comme une agence de marketing interactif. Sa mission de l'époque: gérer les campagnes web de ses clients. Acheter des mots-clés dans Google, payer pour obtenir des bandeaux publicitaires sur les sites web, s'arranger pour que les sites des clients apparaissent tout en haut des résultats renvoyés par les moteurs de recherche: voilà qui était le pain et le beurre d'Acquisio.

«On avait une belle petite business. Sauf qu'à un moment donné, on s'est mis à avoir des maux de tête», raconte Marc Poirier, l'un des trois cofondateurs d'Acquisio.

Le problème de l'époque était que les clients d'Acquisio voulaient évidemment connaître le retour sur investissement de leurs campagnes. Cette information, Acquisio était capable de la fournir. Mais elle demandait un travail de moine à extraire.

Pour savoir si l'achat d'un mot-clé rapporte plus qu'un autre sur les moteurs de recherche, par exemple, les employés d'Acquisio devaient éplucher des pages de données. Et le travail devait être fait en triple si le client avait des campagnes sur Google, Yahoo! et MSN.

«C'était devenu ridicule, dit Marc Poirier. Pour nous, grossir l'entreprise, ça voulait dire engager du monde qui faisait du travail sur Excel à longueur de journée. On faisait vraiment du travail de robot.»

D'où l'idée, justement, d'inventer un robot, c'est-à-dire une plateforme technologique capable d'automatiser le boulot.

«C'est là qu'Acquisio, la compagnie de logiciels, est née», dit Martin Le Sauteur.

Aujourd'hui, les algorithmes d'Acquisio peuvent, par exemple, modifier automatiquement des campagnes en ligne pour en maximiser les résultats. Ils produisent aussi des rapports détaillés aux clients sur les rendements de leurs achats publicitaires.

En répondant à son propre besoin d'automatisation, Acquisio a pu servir toutes les agences de marketing en ligne similaires. Les affaires ont décollé rapidement. Acquisio a ouvert des bureaux à Londres, Seattle, Chicago et Dallas. L'entreprise est sur le point d'en créer un à New York et songe sérieusement à s'installer en Asie.

«Probablement à Singapour», précise Martin Le Sauteur.

Depuis 2008, l'entreprise double ses revenus tous les ans. Et le grand patron affirme pouvoir garder le rythme encore cette année.

En décembre dernier, Acquisio a fait sa première acquisition: l'américaine ClickEquations, qui avait accouché de technologies complémentaires à celles d'Acquisio.

D'autres sont dans leur ligne de mire.

«On est dans un marché très fragmenté qui va se consolider, dit Martin Le Sauteur. Et on a l'intention d'être un consolidateur plutôt que de se faire acheter trop vite.»

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ACQUISIO

Fondateurs

Marc Poirier, Richard Couture et Benoît Allaire

Président

Martin Le Sauteur

Investisseurs et partenaires financiers

Gesca (propriétaire de La Presse), Groupe Pages Jaunes, le fonds Tandem Expansion, le Fonds de solidarité FTQ, Investissement Québec, plusieurs anges financiers dont Alexandre Taillefer. Acquisio a aussi bénéficié de plusieurs programmes gouvernementaux dont les crédits d'impôt à la recherche et développement et le Programme d'aide à la recherche industrielle.

Le concept en 140 caractères

Acquisio développe des logiciels qui aident les agences de pub à optimiser leurs campagnes sur l'internet et à en documenter les résultats.

Objectifs d'ici un an

Doubler le chiffre d'affaires, ouvrir de nouveaux bureaux et étendre la gamme de produits. Des acquisitions pourraient être au menu.