Le comportement erratique de la production aérospatiale continue de peser sur le secteur manufacturier canadien, et en particulier sur le québécois où il est très concentré.

En janvier, la fabrication d'appareils et de pièces aéronautiques a plongé de 34% par rapport à décembre. Même si cette industrie pèse moins de 3% dans la valeur des livraisons manufacturières canadiennes, sa chute a suffi à faire reculer la valeur de l'ensemble des livraisons de 0,9% d'un océan à l'autre, mais de 3,9% au Québec, a indiqué hier Statistique Canada.

Depuis un an cependant, la valeur de la production des usines canadiennes a grimpé de 5,0%, mais celle des québécoises est en recul de 0,8%. Seule celle du Nouveau-Brunswick enregistre un plus grand repli.

En janvier, le Québec a aussi produit moins d'aluminium en raison du lock-out à l'usine RioTinto Alcan à Alma. Des baisses sont également observées dans la production de caoutchouc, de plastique et de machines.

À l'échelle pancanadienne, les ventes ont reculé dans 11 des 21 segments industriels qui représentent 44% environ de l'industrie manufacturière. Cela signifie que d'autres segments continuent de progresser, à commencer par l'automobile, en hausse pour un septième mois d'affilée.

Si on exclut le segment aérospatial, les ventes des manufacturiers ont fait du surplace en janvier alors que les prévisionnistes s'attendaient à un autre gain, bien que modeste, compte tenu de la baisse des exportations de biens industriels et de machines.

En fin d'année, elles avaient enregistré un bel essor que l'agence fédérale a révisé légèrement à la hausse (1,3% en décembre, 1,8% en novembre).

«La baisse des ventes des manufacturiers ne sera pas aussi dommageable qu'on pourrait le croire pour le PIB réel par industrie en janvier, soutient Benoit P. Durocher, économiste principal chez Desjardins. Les stocks ont augmenté considérablement durant le mois, si bien que la production totale du secteur manufacturier est sans doute demeurée en territoire positif.»

Dans l'ensemble de la production en usines canadienne, la valeur des stocks a augmenté de 722 millions ou 1,1%, à hauteur de 65,32 milliards. La hausse de celle du secteur aéronautique est de 5,6%.

Il n'en demeure pas moins que les volumes des livraisons ont diminué de 1,1% durant le mois.

L'agence fédérale précise aussi que la valeur des commandes en carnet a reculé de 0,2%, en raison du repli de 1% de celle de l'industrie aérospatiale. Cela reflète avant tout l'appréciation du dollar canadien. En excluant ce segment, la valeur des commandes augmente de 0,6%, grâce surtout aux produits informatiques, électriques et électroniques.

«En ignorant l'effet des variation de prix, et en particulier de l'appréciation du huard, les commandes en carnet en volume ont monté légèrement en janvier, observe Marc Pinsonneault, économiste à la Banque Nationale. De toute façon, les États-Unis étant sur la pente ascendante et la demande intérieure demeurant robuste, les livraisons sont appelées à rebondir plus tôt que tard.»

Autre pâle lumière peut-être dans ces données marquées par la grisaille, la valeur des nouvelles commandes augmente de 0,8%, tirée par 13 segments. La hausse aurait paru plus significative encore, toutefois, n'eut été de l'industrie aérospatiale.