Aux prises avec des économies chancelantes et des pressions inflationnistes grandissantes, la Banque centrale européenne (BCE) et la Bank of England (BoE) ont reconduit sans surprise hier leur taux directeur respectif.

Le taux d'intérêt des opérations principales de refinancement de la BCE reste à son creux de 1%, fixé en décembre.

Le taux cible de la BoE est maintenu à 0,5%, un taux plancher en place depuis 2008 et que personne ne voit bouger avant au moins un an. La BoE maintient aussi son programme d'assouplissement quantitatif. Il consiste à monétiser la dette du gouvernement du Royaume-Uni. En février, la Banque avait fait passer ce programme de 275 à 325 milliards de livres qui doit être complété en mai.

Pour sa part, la BCE n'a pas annoncé d'autres dates pour son programme de refinancement à long terme dont les deux premières séances en décembre et février ont remporté un franc succès en injectant plus de 1000 milliards de liquidités dans les banques afin de dégeler le crédit.

En conférence de presse depuis Francfort, son président Mario Draghi a dit observer «des signes de stabilisation dans l'économie de la zone euro» qui reste toutefois «toujours sujette à des risques à la baisse».

Cette prudence est soulignée par la diminution des projections de croissance et le rehaussement des perspectives d'inflation pour 2012 et 2013.

Pour cette année, la BCE table désormais sur une décroissance de 0,1% de l'économie dans la zone euro, alors qu'elle pariait jusque-là sur une croissance modeste de 0,3%. Déjà, 6 des 17 pays de l'Eurogroupe sont en récession technique tandis que l'Allemagne a connu un premier trimestre de décroissance, l'automne dernier.

Pour 2013, elle ramène de 1,3% à 1,1% sa prévision de croissance.

La poussée des prix de base, du pétrole en particulier, entraîne une hausse de la projection d'inflation qui devrait se situer à 2,4% en moyenne cette année, soit au-dessus de la cible de près de 2%.

Pour 2013, la BCE porte de 1,5% à 1,6% sa prévision d'augmentation du coût de la vie.

«Cette nouvelle inquiétude pour l'inflation à court terme réduit considérablement les chances de voir la BCE annoncer des baisses de taux prochainement, analyse Hendrix Vachon, économiste principal chez Desjardins. En revanche, il ne faut pas voir non plus un signe de hausses précipitées des taux d'intérêt pour 2013, car la BCE juge les risques inflationnistes balancés à plus long terme.»

M. Draghi a d'ailleurs indiqué qu'il n'y avait pas eu de discussion sur le taux directeur au sein du Comité de politique monétaire, hier.

Au Royaume-Uni, le gouverneur de la BoE Mervyn King a indiqué que l'économie allait sans doute échapper à la récession, malgré un quatrième trimestre marqué par la décroissance. Ce qui complique la tâche de la BoE, qui s'échine à stimuler le crédit, c'est que l'inflation se situe à 3,6%, soit bien au-delà de la cible de 2%.