Une nouvelle collaboration, trois vaccins dans les cartons et des millions de dollars à espérer: la petite boîte de Québec Medicago a signé une entente avec le géant japonais Mitsubishi Tanabe Pharma Corporation qui pourrait lui donner un bon coup de pouce.

Les deux entreprises se sont entendues pour produire et commercialiser ensemble au moins trois nouveaux vaccins. Medicago se concentrera sur ce qu'elle fait de mieux: la science. Mitsubishi Tanabe, quant à elle, paiera la note. La Japonaise se chargera aussi de faire approuver les vaccins qui sortent des labos de Medicago et de les commercialiser.

«C'est la première fois qu'on signe une entente du genre d'une telle envergure», a précisé Pierre Labbé, vice-président et chef de la direction financière de Medicago.

Dans un marché en forte baisse, l'action de Medicago a gagné 2 cents hier pour clôturer à 60 cents.

L'entente dévoilée hier stipule que Mitsubishi versera des paiements à Medicago lorsque certaines étapes du développement des vaccins seront franchies. Si les produits sont un jour commercialisés, Medicago touchera aussi un pourcentage des ventes.

Le rotavirus

L'un des vaccins sur lesquels travaillera Medicago a déjà été identifié. Il s'agit d'un produit contre le rotavirus, un agent infectieux qui tue 500 000 enfants chaque année en provoquant de graves diarrhées.

GlaxoSmithKline et Merck vendent déjà des vaccins contre le rotavirus, mais un traitement coûte de 200 à 300$ - souvent trop pour les populations d'Afrique et d'Asie, où le virus frappe le plus.

Medicago, qui a inventé une nouvelle façon de faire pousser des vaccins dans des plantes, croit pouvoir accoucher d'un produit moins cher. Pour ce seul vaccin, Medicago pourrait recevoir des paiements allant jusqu'à 33 millions de Mitsubishi Tanabe Pharma.

Les deux autres vaccins sur lesquels Medicago et Mitsubishi Tanabe collaboreront n'ont pas encore été identifiés.

Validation externe

L'analyste Pooya Hemami, de Desjardins, estime que l'entente constitue une «validation externe de la technologie de Medicago pour des indications autres que la grippe». M. Hemami souligne que si Medicago connaît du succès dans l'élaboration des nouveaux vaccins, les paiements d'étape permettront de combler une partie de ses dépenses en recherche.

Medicago s'était placée sur la carte en 2009 en pleine pandémie de grippe A (H1N1), alors qu'elle avait produit un vaccin expérimental contre le virus plus rapidement que toutes les multinationales.

Le coup d'éclat avait attiré l'attention de l'armée américaine, qui avait payé Medicago pour implanter une usine de vaccins en sol américain.

La construction de l'usine est aujourd'hui terminée. À la fin du mois, Medicago lancera un marathon de production destiné à montrer aux autorités américaines qu'elle peut produire 10 millions de doses de vaccins en un mois.