Cogeco Câble (T.CCA) a finalement réussi à trouver un acheteur pour sa filiale portugaise Cabovisão, une transaction qui met un terme aux visées internationales du câblodistributeur.

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Le groupe montréalais a obtenu 45 millions d'euros (59 millions CAN) pour Cabovisão, moins du dixième de ce qu'il avait payé en 2006. La firme d'investissement Altice, qui détient des participations dans plusieurs sociétés de télécoms en Europe, a remporté la mise.

Maintenant que cette page peu glorieuse de son histoire est tournée, Cogeco Câble entend consacrer toutes ses énergies au Canada. «Nous n'avons pas de projet pour aller à l'étranger à l'heure actuelle», a confié le grand patron, Louis Audet, en entrevue à La Presse Affaires, hier.

Les marchés financiers ont applaudi hier la vente de la filiale portugaise, même si Cogeco Câble avait radié la dernière portion de son placement de 600 millions dans Cabovisão l'an dernier. Le titre du groupe a gagné plus de 5% en cours de séance avant de clôturer en hausse de 2,8% à la Bourse de Toronto, à 48,73$.

Maher Yaghi, analyste chez Desjardins Valeurs mobilières, a salué la fin d'un investissement «qui a mal tourné». La transaction annoncée hier élimine «le risque que la société ait à investir ses flux de trésorerie disponible pour financer ses activités au Portugal».

Les 59 millions recueillis grâce à la vente de Cabovisão serviront à payer une partie de la dette de Cogeco Câble, a indiqué Louis Audet.

Les revers de Cabovisão ont fait perdre des centaines de millions à Cogeco au fil des années, en plus d'attirer une forte attention médiatique. Malgré cela, Louis Audet affirme n'avoir aucun regret.

«Ceux qui restent immobiles reculent, ceux qui sont prêts à courir des risques sont récompensés, a-t-il dit. Et dans l'ensemble, nous avons été généreusement récompensés du fait de toutes les transactions que nous avons faites, et nos actionnaires l'ont été aussi.»

Louis Audet rappelle la série d'acquisitions faites par son groupe au Canada depuis 2008, dont plusieurs ont eu lieu dans la dernière année. Parmi celles-ci, on compte l'achat des stations de radio de Corus et du groupe Métromédia à Montréal. «Le chiffre d'affaires de Cogeco est passé de 25 millions de dollars lorsque nous sommes entrés en Bourse en 1986 aux environs de 1,5 milliard de dollars cette année. Cela montre que nos acquisitions dans l'ensemble ont été très porteuses.»

Le président et chef de la direction ajoute que les choses avaient très bien commencé pour Cogeco au Portugal en 2006, avant de se gâcher très rapidement lorsque la déroute financière s'est emparée du pays.

«Il y a eu de l'ingérence politique, et ensuite il y a eu toutes les questions de dette et la situation économique au Portugal, a-t-il dit. En particulier, le gouvernement a dû mettre en place des mesures d'austérité excessivement sévères, ce qui fait que le revenu disponible des clients s'est mis à décroitre. Donc, pour nous, il était opportun qu'on se retire du pays à ce moment-ci et c'est ce que nous avons fait.»

Cogeco a vu son bénéfice augmenter de 20% au premier trimestre de l'exercice 2012. Les profits se sont élevés à 47,9 millions, ou 1,11$ par action, tandis que les revenus ont progressé de 13,4%, à 388 millions.