Après s'être établie comme chef de file mondial des simulateurs de vol, CAE (T.CAE) s'attaque depuis 2008 au secteur médical, un marché en pleine expansion dans lequel l'entreprise montréalaise compte faire sa place en misant sur l'expertise qu'elle a acquise dans le secteur aéronautique.

Simulateurs d'endoscopie, d'échographie, de gastro-endoscopie, de colonoscopie ou de laparoscopie, nommez-les: en moins de quatre années, CAE Santé a bâti un catalogue de simulateurs qui répond à presque toutes les spécialités de la médecine.

«On est en train de changer la manière dont les médecins sont formés de la même façon qu'on a changé les méthodes d'entraînement des pilotes», explique Pascale Alpha, directrice des communications mondiales chez CAE.

Les simulateurs que met de l'avant CAE Santé permettent, comme on s'en doute, de recréer les situations auxquelles font face les intervenants en santé.

Par exemple, le simulateur d'échographie cardiaque, une fois sa sonde insérée dans le tube oesophagien d'un mannequin, affiche sur un écran tout ce qu'on y verrait d'ordinaire.

Rythme cardiaque et image échographique s'ajustent au gré des déplacements de la sonde et rendent compte de l'état d'un coeur qui ne bat en réalité que dans la mémoire vive de son ordinateur.

«Les étudiants en faculté de médecine qui utilisent ce simulateur pour apprendre l'anatomie passent moins de temps en dissection», explique le cardiologue Robert Amyot, vice-président des programmes médicaux et médecin en chef chez CAE Santé.

Mais les apprentis médecins ont droit à un peu plus qu'un cours d'anatomie. Dans la mémoire de l'ordinateur se cache une soixantaine de pathologies susceptibles d'être rencontrées par un médecin au cours de sa carrière.

«L'idée, c'est de présenter des situations très rares, explique le Dr Amyot. Apprendre dans les livres, c'est très différent de l'avoir fait directement et d'avoir une mémoire de tous les sens.»

Cette forme d'apprentissage est d'autant plus à privilégier selon le Dr Robert Amyot qu'elle n'expose pas le patient aux mains inexpérimentées d'un apprenti.

Selon lui, il y a un risque de complication significatif lorsque vient le temps de pratiquer certaines interventions médicales. Un risque qui peut être évité par l'utilisation de simulateurs. «Ça me parait très contre-intuitif de commencer à travailler sur un patient», ajoute-t-il.

Des clients du côté militaire

Si de futurs médecins, paramédicaux et infirmiers s'entraînent aujourd'hui sur les simulateurs, on compte également parmi la clientèle de CAE Santé des militaires. Pour eux, CAE offre des mannequins comme le iStan qui simulent les traumatismes rencontrés en situation de combat.

Pratique de réanimation par compressions ou défibrillation, intervention chirurgicale de surface ou traitement d'une hémorragie: le mannequin fournit dans chaque situation une rétroaction qui permet à l'utilisateur de savoir s'il travaille correctement.

Pour s'établir comme l'un des leaders mondiaux dans l'industrie naissante de la simulation médicale, CAE a fait plusieurs acquisitions depuis sa fondation, profitant d'une offre morcelée.

Aux acquisitions de PME québécoises ICCU Imaging et Vimedix en 2010, s'est ajouté l'américaine Medical Education Technologies Inc. (METI) l'été dernier. Une transaction de 130 millions de dollars américains qui a permis à CAE de mettre la main sur une collection de simulateurs de patient comme le iStan. Des simulateurs qui ont généré 60 millions de dollars en revenus chez METI avant qu'elle ne soit achetée.

D'ailleurs, grâce à l'acquisition de METI, CAE s'attend à ce que sa division atteigne la rentabilité dès l'exercice 2013.