L'un des rares médicaments à avoir été conçu à Montréal pourrait bientôt être offert au Canada. Après avoir commercialisé l'Egrifta aux États-Unis, la biotech québécoise Theratechnologies vient en effet de signer une entente pour le vendre dans son pays d'origine.

Theratechnologies a confié la commercialisation en sol canadien à la pharmaceutique suisse Actelion. Cette dernière devra d'abord faire approuver le médicament auprès de Santé Canada, ce qui devrait être fait «d'ici la fin de l'année», selon Theratechnologies.

L'Egrifta est un médicament contre la lipodystrophie, une condition qui provoque une accumulation anormale des graisses chez plusieurs patients atteints du VIH.

Selon l'entente annoncée hier, Theratechnologies vendra ses médicaments à Actelion, qui se chargera ensuite de les écouler sur le marché canadien. Les détails financiers n'ont pas été dévoilés, mais les analystes estiment que Theratechnologies toucherait entre 40 et 50% des ventes nettes d'Egrifta.

L'Egrifta est vendu aux États-Unis depuis un an, mais les ventes ne décollent pas comme prévu. L'entreprise attend aussi des autorisations de commercialiser son médicament en Europe et en Amérique du Sud.

Le marché canadien n'est évidemment pas le plus important pour Theratechnologies. Le président et chef de la direction de l'entreprise, John-Michel Huss, estime tout de même qu'environ 10 000 patients atteints du VIH souffrent de lipodystrophie au pays. Comme le traitement coûterait entre 20 000$ et 25 000$ par année, le marché potentiel atteint donc 250 millions de dollars.

Il reste à voir si les régimes publics des différentes provinces comme la Régie de l'assurance maladie du Québec rembourseront l'Egrifta aux patients, des décisions qui influenceront grandement les ventes du médicament.

«L'avantage d'Actelion, c'est qu'ils connaissent bien le système de remboursement canadien, et ils ont réussi à faire rembourser des produits assez onéreux dans le passé», a dit à ce sujet le président de Theratechnologies, John-Michel Huss.

Neil Maruoka, analyste chez Canaccord Genuity, est aussi assez optimiste concernant les chances d'Actelion auprès des provinces canadiennes.

«Je crois que le lobby des patients atteints du VIH va pousser très fort pour que le médicament soit remboursé», dit l'analyste.

L'action de Theratechnologies a grimpé de 1 cent hier pour clôturer à 2,31$.